Il y a 45 ans, Dire Straits arrivait à la télé en France

Le 5 novembre 1978, Antenne 2 diffusait l’émission de télévision ‘Chorus’ avec Dire Straits pour son premier passage à la télévision française. Le concert et l’interview avaient été enregistrés le 14 octobre au théâtre de l’Empire à Paris.

5 novembre 1978, le public français découvre un nouveau groupe sur ses écrans de télévision : Dire Straits ! Un quatuor qui joue du boogie-country-pub-rock en pleine vague punk-new-wave. Des chansons ciselées aux mélodies limpides et aux guitares cristallines, avec un leader-chanteur-guitariste au style bien particulier : Mark Knopfler illumine les concerts du groupe de son jeu en fingerpicking, une technique qui intrigue tout le monde, notamment les journalistes et critiques rock de tout poil, comme par exemple Patrice Blanc-Francard qui ne manque pas d’interroger Mark sur le sujet dans cette émission Chorus, enregistrée le 14 octobre au théâtre de l’Empire à Paris.

Dans cette interview, Mark évoque déjà qu’il est « lent », comme il le chantera plus tard dans Slow learner. On le sent détendu, et il n’hésite pas à ironiser sur la notoriété grandissante du groupe.

La vidéo de l’émission ci-dessus, encore disponible grâce à l’INA, nous montre le programme tel qu’il a été diffusé le 5 novembre sur Antenne 2, avec les titres suivants :

  • Eastbound train
  • Water of love
  • Lions
  • Sultans of swing

Mais il s’avère que lors de l’enregistrement le 14 octobre, d’autres morceaux ont été joués comme on peut le voir sur la vidéo ci-dessous, notamment Down to the Waterline, In the gallery, What’s the matter baby, Wild west end, et aussi Six blade knife mais pas entièrement, comme s’il s’agissait des balances… De même, Down to the Waterline est joué deux fois ce qui semble bien indiquer qu’on est en présence à la fois des essais et de l’enregistrement de l’émission proprement dite. J’aime beaucoup la version de Wild west end :

Les férus de détails comme moi auront remarqué que Mark utilise le micro chevalet sur le solo de Lions. Une position qu’il a utilisée très rarement sur Stratocaster, je n’ai d’ailleurs aucun autre exemple qui me vienne à l’esprit. Sans doute était-ce pour avoir un son plus perçant du fait qu’il passe quasiment toutes les notes du solo par l’effet violon, obtenu grâce à la pédale de volume.

La version de Sultans of swing de ce showcase est particulière pour moi : c’est la toute première version ‘bootleg’ que j’ai entendue. Le son à la fois clair, brillant et chaud de l’ampli MusicMan, et la couleur singulière du micro manche sur le solo. Et puis cette Stratocaster rouge de 1961, avec son potard de volume noir, et le capuchon du sélecteur qui n’est plus là… une guitare mythique qui allait me faire tomber amoureux des Fender rouge, au point d’en vouloir une à tout prix à mon tour.

Quant à Mark Knopfler, impossible pour moi de ne pas être hypnotisé par ce musicien. Une attitude complètement à contre -courant de son époque, une humilité qui n’empêche pas la présence, une bonhommie faussement nonchalante qui s’accompagne d’une parfaite maitrise d’interprétation à la fois vocale et instrumentale, une alliance du chant et du jeu de guitare avec une déconcertante facilité, et enfin un look improbable avec un marcel et un bracelet-éponge de tennisman ! (il n’était pas le premier à en arborer cependant, des artistes tels Phil Collins en avaient déjà porté au sein de Genesis dans la seconde moitié des seventies).

Ce poster du magazine BEST est longtemps resté affiché sur le mur de ma chambre d’ado, et orne toujours mon appartement actuel. L’image iconographique pour moi d’un guitariste qui est encore aujourd’hui mon préféré de tous. Une image tirée d’une émission non moins mythique à mes yeux, le premier passage de Dire Straits à la télévision française. C’était il y a tout juste 45 ans.

© Jean-François Convert – Novembre 2023

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13 commentaires sur “Il y a 45 ans, Dire Straits arrivait à la télé en France

  1. Quelle classe. Un régal .la personnalité de Mark si discrète et pleine de charme est à des années lumière des gesticulation et autres prouesses vocales
    Que de bons souvenirs !

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  2. Merci Jef de nous partager tes nombreuses connaissances sur MK avec ces pépites.En plus il y a « lions » qui est un morceau que j’aime beaucoup et sous estimé.
    En + je trouve la version originelle de sultans of swing très rafraichissante.

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  3. Merci Jef. Tes chroniques sont toujours pour moi un puit de savoir dont je me nourris… et puis tu parles si bien de « notre » guitariste préféré, pour ça aussi merci 😉

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  4. Merci Jef pour la chronique. Ça reste une performance-référence pour le début artistique de MK et DS, en attendant peut-être les videos du Rainbow 79. Un truc que je n’arrive pas à confirmer, le potard noir est un push-pull pour le micro manche DiMarzio, qui fait office de Humbucker sur plusieurs titres joués ultérieurement. Sinon, y a aucun intérêt à le mettre sur une strat.

    1. personne n’a jamais eu cette confirmation, même Ingo

      Le FS-1 n’est pas vraiment un humbucker, il faudrait mieux le comparer à un P90, c’est-à-dire un « gros simple » et pas un double.
      et je ne pense pas qu’il est splitable, à la différence des F500T schecter

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      1. Justement, c’est ce bobinage de plus qui faisait la différence. MK n’avait pas utilisé sa LP Special, ni une ES 335 pour avoir ce son chaud. Il reste l’hypothèse d’un activateur du micro manche, vu que les anciennes strat n’avaient que trois sélecteurs.

        1. alors là y’ plein de chose mélangées :

          1) il ne faut pas confondre un micro double bnbinage type Humbucker avec comme son nom l’indique 2 bobines, et qui plus est, qui ont des phases opposées, avec un micro simple bobinage mais qui a plus de tours de bobine qu’un simple classique. Exemple : le P90 ou le FS-1 sont des « simple bobinage » mais avec plus de tours de bobine qu’un simple Fender. Or le FS-1 est tout le temps en mode avec tous ses tours de bobine, on ne peut pas le spliter (comme ce sera le cas plus tard sur les F500T de Schecter : choisir la bobine « simple » ou la bobine avec plus de tours).

          c’est très bien expliqué sur le site d’Ingo

          2) le sélecteur 3 positions n’a rien à voir avec le fait de pouvoir sélectionner le micro manche ou pas. De plus, même avec les 3 positions, on pouvait quand même obtenir les sons hors-phase « entre-deux » en positionnant délicatement le sélecteur. C’est juste qu’il n’y avait pas de butée pour le retenir sur ces positions. c’est pour ça qu’on voit certaines photos de la strat de Mark avec un scotch sous le sélecteur pour le maintenir dans la position intermédiaire milieu+chevalet

          le potard noir est à mon avis juste esthétique, un peu comme Muddy Waters qui avait remplacé ses potards sur sa Telecaster par des potards d’ampli

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          1. Merci Jef. MK voulait, par le biais du FS-1, un son proche du Humbucker et non pas le P90, car il avait en lui toujours sa Gibson LP Special (avec micros P90). Il se peut que le circuit a été modifié, tout en gardant la même configuration de micros, là le bouton noir aurait servi d’activateur ou de booster (un tel gros bouton aurait gêné n’importe quel guitariste qui joue avec ses mains), modification probablement apportée par Sam Lee …

      2. Quand il a mis plus tard son serre-tete , on pouvait le confondre avec John McEnroe.

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  5. Merci pour cet article, très documenté comme toujours.
    Comme tu le sais déjà, je partage ta passion pour MK et DS.
    Sans être aussi pointu que toi pour la partie technique, le jeu atypique et le son de Mark m’ont toujours fasciné.
    Tu mentionnes la pédale de volume pour obtenir l’effet « violon » mais j’avais l’impression qu’à ses débuts Mark le gênerait via le bouton de volume de sa guitare. Je me trompe ou bien il le faisait également ?
    Au fait, je suppose que tu l’as remarqué, mais concernant le nouveau coffret live je n’ai vu aucune mention sur le site officiel de m
    MK ni sur le blog officiel de DS, étonnant non?
    Je suis en train d’écouter le concert de 92 qui, même si trop « parfait », me rappelle de bons souvenirs.
    La seule fois où j’ai vu DS étant à Werchter en mai 92.
    Putain, 31 ans !

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    1. oui il a toujours fait avec une pédale de volume.
      d’abord une Morley pendant les premières années (77-80), Puis une Ernie Ball à partir de 82 je crois.
      peut-être que parfois on le voit toucher le potard de volume, mais c’est juste pour ajuster, pas pour l’effet violon.

      pour ces détails techniques, la référence reste le site d’Ingo :

      https://www.mk-guitar.com/2008/09/22/mark-knopflers-morley-volume-pedal/

      https://www.mk-guitar.com/2008/09/10/knopflers-ernie-ball-volume-pedal-and-how-i-use-mine/

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    2. Quelle classe! Le rythme,la personnalité discrète donc pleine de charme qui distance et de loin les braillards échevelé,je parle du chanteur guitariste.Un régal

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