Il y a 40 ans, ZZ Top prenait son virage eighties avec ‘Eliminator’

Le 23 mars 1983 arrivait dans les bacs ce huitième album studio de ZZ Top, un virage vers le nouveau du son du groupe, et son succès dans les eighties.

Nouveau style ?

Lorsque débarque cet album en 1983, le trio ZZ Top a déjà presque 15 ans de carrière derrière lui. Le « bon vieux petit groupe du Texas » est connu pour jouer un boogie-blues-rock aux accents sudistes. Est-ce qu’Eliminator est un changement de style musical ? Pas vraiment. On reste dans les contrées blues et rock avec 3 accords. Rythmique carrée, riffs implacables et solos courts mais efficaces. Le disque s’ouvre sur ce qui va devenir un méga-tube et l’un de leurs titres les plus connus, 10 ans après La Grange. Avec Gimme All Your Lovin’, les trois texans vont envahir les playlists radio. Un morceau que j’ai joué à La Vache Rouge.

Nouveau look ?

Si ce n’est pas le style musical qui change, alors d’où vient ce succès planétaire soudain ? Serait-ce une nouvelle image ? Pas vraiment non plus puisque Gibbons et Hill arborent leur fameuses barbes et les lunettes noires depuis l’album Degüello en 1979 et l’affichent même sur la pochette de El Loco en 1981. Mais ce qui va changer avec Eliminator c’est l’avènement du clip vidéo. Véritable révolution des années 80 (même si avant il y avait les scopitones), ce media va propulser de nombreux artistes au firmament en jouant autant sur l’image que la musique.

ZZ Top saisit ce nouveau support au vol et s’en empare de façon décalée avec beaucoup d’autodérision. En pleine vague New Wave et Post-Disco, le public n’est pas forcement attiré par des barbus jouant du blues-rock ? Qu’à cela ne tienne, le trio texan va lui proposer une image mêlant humour, jolies filles et grosses cylindrées.

D’ailleurs, l’album porte le nom d’une voiture de collection appartenant à Billy Gibbons : une Hot Rod de 1982, à base de Ford modèle B V8 de 1933, inspirée de la Kustom Kulture américaine des années 1950, et qui va participer en tant qu’emblème du groupe, à son succès et à sa légende internationale. Le véhicule prendra même un look futuriste sur l’album suivant Afterburner.

La voiture Eliminator au Rock and Roll Hall of Fame en avril 2010 © Wikimedia Commons

Dans une démarche misant sur le visuel, Gibbons et Hill se font fabriquer des modèles custom de guitare et basse à l’effigie du bolide. Les deux musiciens n’auront de cesse de jouer sur des instruments personnalisés et participant à leur look instantanément reconnaissable. À l’instar d’un Bo Diddley et ses Grestch carrées, ZZ Top a toujours arboré des guitares et basses aux formes improbables.

Nouveau son ?

En revanche, ce qui est sans doute le plus marquant au niveau musical, c’est le son du groupe qui prend une autre ampleur que sur les disques précédents. Les guitares de Gibbons s’aventurent vers des sonorités encore plus grasses et plus épaisses (Degüello et El Loco avaient plusieurs titres parfois à la limite du son clair), mais surtout plus modernes.

Mes deux morceaux préférés de ZZ Top sont Blue Jean Blues et I Need You Tonight. Le premier est issu de Fandango! et serait a priori une Strat directement branchée dans la console. Un grain inimitable qui représente pour moi la quintessence de la guitare blues. Et le deuxième qui figure sur cet album Eliminator est aussi dans un esprit très blues, mais avec son plus eighties : beaucoup d’harmoniques, de reverb et de delay. J’ai eu la chance de voir et entendre cette chanson en live lors du concert de 2011 à Lyon, mais la version studio reste pour moi la meilleure :

Ce nouveau son ne s’applique pas uniquement aux guitares. Tout le groupe sonne différemment. Même si ZZ Top garde quelques bonnes vieilles recettes comme le sufffle ternaire (If I Could Only Flag Her Down) ou la voix puissante de Dusty pour clore le disque (Bad Girl), d’autres titres comportent des effets presque synthétiques (l’intro de Legs et Thug), des sons type boite à rythme ou une basse en slap (Thug encore). On voit même le bassiste jouer sur un synthétiseur dans le clip de TV Dinners :

Mais surtout, Eliminator bénéficie d’une production qui élargit l’espace sonore. On entend un rendu plus ample qui s’éloigne de l’image roots des seventies et qui au contraire colle bien avec les clips et la diffusion radio de ce début des eighties. Avec cet album, ZZ Top réussissait parfaitement son virage des années 80. C’était il y a tout juste 40 ans aujourd’hui.

© Jean-François Convert – Mars 2023

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3 commentaires sur “Il y a 40 ans, ZZ Top prenait son virage eighties avec ‘Eliminator’

  1. Excellent and well remembered. I already saw somewhere that Mark Knopfler was listening to this album at the time and that when he was working on the song Money for Nothing in 1984, he tried to find out from the ZZ Top guitar player something about the timbre they were using on Gimme All Your Lovin, in the However, the guitarist did not reveal how he achieved this sound. Mark on his own achieved his own result, but it is undeniable that there is a similarity in the timbre of both, they are wonderful, each one has its own beauty.

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  2. Oui,à l’instar de Dennys…Brown,un autre sujet,le zz top reste après 58ans d’existence le stuff,le roof du rock texan,toujours meilleur à chacune des nouvelles sorties,pourvu malgré la disparition d’un de leurs protagonistes que cela dure.

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