Il y a 30 ans, Neil Young sortait ‘Sleeps with Angels’

Le 6 août 1994 arrivait dans les bacs ce 22ème album studio de Neil Young. Un disque marqué malgré lui par la mort de Kurt Cobain.

5 avril 1994, Kurt Cobain se suicide. Dans sa lettre d’adieu il cite un vers de la chanson Hey Hey, My My (Out of the Blue), figurant sur l’album Rust never sleeps de Neil Young : « Mieux vaut brûler franchement que s’éteindre à petit feu. » Le Loner en est profondément bouleversé.

6 août 1994, Neil Young sort l’album Sleeps with Angels, littéralement « Dormir avec les anges ». Impossible de ne pas y voir un disque en mémoire du leader de Nirvana. Pourtant, la majeure partie des morceaux ont été écrits et même enregistrés avant les faits. Alors ? Une manifestation du phénomène de synchronicité, cher à Jung ?… Quoiqu’il en soit, l’album baigne dans une triste mélancolie. Dès l’ouverture My Heart, le songwriter canadien nous prend aux tripes avec un arrangement épuré au piano.

Mais Young est accompagné par Crazy Horse, et les autres morceaux versent dans un rock râpeux où la saturation est souvent présente, même si elle côtoie des harmonies vocales qui semblent parler aux anges du titre de l’album (Driveby, Trans Am…). Sur la chanson-titre, le Loner laisse pleurer sa Les Paul ‘Old Black’ tandis que que les voix se lamentent dans une ambiance très sombre. Il s’agit du dernier morceau enregistré lors des sessions, et a été inspiré par la mort de Cobain.

Change your mind atteint presque les 15 min en alternant les refrains à la mélodie lumineuse et les solos écorchés dans le plus pur style de Neil Young. Et sur Blue eden, le guitariste adopte un jeu et un son annonçant la future bande son du film Dead Man qui sort l’année suivante. Des effluves granuleuses et boueuses qui distillent une atmosphère lugubre. Etonnamment, c’est le seul morceau de l’album composé par tout le groupe et non par Neil Young seul. Cet aspect crépusculaire parcourt tout le disque. Quant a Piece of Crap il affiche un esprit carrément punk. Dans le clip vidéo, le Loner en arrive à casser plusieurs de ses cordes !

Une particularité sur cet album : deux chansons utilisent exactement la même musique mais avec des paroles différentes. Western Hero et Train of Love sont construites sur des mélodies et progressions d’accords identiques, mais avec des textes portant sur des thématiques radicalement distinctes (la conquête de l’ouest et une métaphore sur la relation amoureuse).

J’en avais déjà parlé dans un article consacré à ce sujet sur franceinfo

Il n’est pas rare de trouver des morceaux aux musiques similaires par exemple dans un concept-album. Ce disque Sleeps with Angels pourrait presque prétendre à entrer dans cette catégorie, mais pas tout à fait, comme évoqué précédemment. Et si c’était vraiment le cas, avec une volonté affichée de faire revenir des thèmes musicaux, les chansons auraient pu s’appeler part1 et part2… Pour parler de ces deux morceaux, Neil Young les a simplement citées « comme des jumeaux identiques. La même chanson avec deux histoires complètement différentes. Mais cela nous ramène à ce thème. C’est presque comme une pièce de théâtre de Broadway. » (Jimmy Mcdonough – Shakey: Neil Young’s Biography – 2003)

N.B. Neil Young a joué Western Hero lors de son concert à Lyon en juin 2016.

Enfin, chose inédite : Sleeps with Angels est l’unique album de Neil Young où on l’entend jouer de la flûte (sur Prime of Life et Safeway Cart). Un album singulier à bien des égards, qui se referme sur A Dream That Can Last, une ballade aux couleurs de folk traditionnel qui tranche avec les autres titres, mais qui fait écho à l’ouverture. Un album sorti il y a tout juste 30 ans aujourd’hui.

© Jean-François Convert – Août 2024

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