Le 30 octobre 2012 arrivait dans les bacs ce 32e album studio du Loner. Un double opus, enregistré avec son groupe Crazy Horse.
Sommaire
Live en studio
En 2012, Neil Young collabore à nouveau avec Crazy Horse pour la première fois depuis presque 10 ans. Il n’avait pas fait appel à ses anciens acolytes depuis Greendale en 2003. Au départ c’est d’abord pour enregistrer un album de reprises de musique folk traditionnelle américaine qui sort en juin 2012 sous le nom d’Americana. Pendant les sessions de cet album, les musiciens enregistrent également de longues jam dont certaines donneront ensuite les titres principaux de l’album Psychedelic Pill.
« longues jam » est un doux euphémisme puisque sur les neuf titres répartis sur deux disques, plusieurs dépassent les huit minutes ou le quart d’heure, et le morceau d’ouverture Driftin’ Back dure plus de 27 minutes ! Mais pas pour une symphonie de type rock progressif en plusieurs mouvements, non, simplement deux accords sur le refrain et deux accords sur le couplet qui tournent en boucle pendant près d’une demi-heure… après une intro acoustique enregistrée à part, l’électricité entre en piste et ne nous quittera plus jusqu’à la fin de cette jam épique :
Cet esprit « live en studio » se retrouve sur les trois autres chansons longues de l’album : Walk Like a Giant (16’27) où le songwriter se lamente de l’échec de sa génération à changer le monde pour le mieux (« Nous étions prêts à sauver le monde / Mais ensuite le temps a changé »), le nostalgique She’s Always Dancing (8’33), et le mélancolique Ramada Inn.
Des chansons autobiographiques
Si le morceau-titre de l’album se nomme d’après les « pilules psychédéliques » sans doute familières à Neil Young, à travers une musique aux sonorités justement très psychédéliques avec un effet phaser très prononcé, la période psyché-rock est aussi évoquée dans Twisted Road où le Loner se souvient quand il écoutait Grateful Dead et Like a Rolling Stone de Dylan à la radio. Le groupe phare de la scène de San Francisco et le poète folk-rock apparaissent d’ailleurs dans le clip de la chanson :
Et même encore avant les sixties, Neil Young se remémore ses racines canadiennes dans Born in Ontario. Il est vrai qu’à l’époque, il n’était pas encore citoyen américain avec la double nationalité comme actuellement. Au début des années soixante, le jeune canadien avait joué avec le groupe The Squires, et était parti en tournée à bord d’un Corbillard Buick de 1948, offert par sa mère Rassy alors qu’il avait 18 ans.
Un morceau à part
Au milieu de ces ambiances plutôt rock, parfois presque grunge, avec le style guitaristique singulier de Neil Young qui semble jouer à tout moment comme si sa vie en dépendait, un titre sort du lot tel un outsider magnifique : sur un mode quasi biblique, For The Love Of Man distille une ballade folk accompagnée par des cordes et un harmonium. Une atmosphère presque étrangère au reste de l’album, mais qui s’en trouve par là-même encore plus magnifiée, alors que la chanson aurait sans doute semblé anecdotique au sein d’un disque entièrement folk de Neil Young :
C’est là tout le talent du songwriter canadien : composer un décor sonore d’apparence homogène et issu principalement de sessions type jam pour en faire sortir une pépite a priori différente. Mais l’écoute globale se révèle finalement très cohérente et tous les morceaux s’imbriquent parfaitement. Un grand album de Neil Young (en plus d’être son plus long en studio), sorti il y a tout juste 10 ans aujourd’hui.
© Jean-François Convert – Octobre 2022
Exellente et pertinente analyse!!!
merci 🙂
Pardon : old black , la vieille Gibson du loner
Un très bon album ou l’on peut apprécier le son de « olé black »,si on aime bien sur.
Il faudra attendre dix ans et Barn pour avoir un album de même veine.
J’aime ta critique !👍
merci 🙂