Du beau monde au Casino de Paris pour célébrer Joni Mitchell

Hier soir au Casino de Paris j’ai assisté au concert ‘The Songs of Joni Mitchell’ donné par Kate Stables, Jesca Hoop et Lail Arad, rejointes par entre autres Yaël Naïm, Charlie Winston et Gail Ann Dorsey.

Le trio Kate Stables, Jesca Hoop et Lail Arad a sorti un EP de reprises de Joni Mitchell en septembre. Il s’inscrit dans une tournée hommage à la célèbre chanteuse canadienne qui a débuté à Londres l’année dernière. Après des concerts au Royaume-Uni et en Irlande, et avant Vienne en Autriche, les artistes faisaient halte hier à Paris, grâce à l’énergie et la ténacité de la productrice Cathy Bitton, sans qui cette aventure n’aurait sans doute pas eu lieu.

Les trois chanteuses ont interprété chacune deux chansons, et la soirée a débuté par Jesca Hoop reprenant Morning Morgantown, mon morceau préféré de l’EP. Celle qui a récemment produit le documentaire en six volets pour la BBC Legend: The Joni Mitchell Story était toute indiquée pour ouvrir le concert. Simplement accompagnée par sa guitare, sa voix douce et haut perchée a instantanément conquis le public (impossible de poster la vidéo que j’ai filmée, car YouTube l’a bloquée pour droits d’auteur).

Elle a été suivie par Kate Stables du groupe folk This Is The Kit, qui a relevé le défi de jouer du dulcimer, tout comme Joni Mitchell. Tâche ardue, surtout lorsqu’il faut chanter simultanément :

YouTube a reconnu le morceau mais ne l’a pas bloqué comme il l’a fait pour Morning Morgantown

Pour sa deuxième chanson, Raised on Robbery, elle a été accompagnée vocalement par ses deux compères, comme sur la version de l’EP :

Ont enchainé l’autrice-compositrice et multi-instrumentiste française Lonny puis la chanteuse-bassiste d’origine grecque Theodora Delilez qui a repris un titre de l’album Hejira, où la basse était tenue par un certain Jaco Pastorius… autant dire qu’il fallait avoir du cran pour jouer un morceau de ce répertoire, lorsque Joni Mitchell s’aventurait vers le jazz. La musicienne est restée très détendue et a même remercié son père qui lui avait prêté son gilet pour l’occasion !

La troisième chanteuse du trio, Lail Arad, a conclu la première partie du spectacle par le tout premier hit de Joni Mitchell : Big Yellow taxi, très applaudi par le public dès les premières notes. Elle a annoncé l’entracte en s’exprimant dans un français sympathique : « j’ai retenu le mot, c’est un peu comme ‘contract’ mais pas exactement ».

Après une pause d’un quart d’heure, la scène a accueilli d’autres artistes.

C’est d’abord le trio Delgres qui a souligné l’engagement de Joni Mitchell et s’est reconnu dans sa musique tout autant que ses combats. Le chanteur Pascal Danaë ne se sentant pas d’interpréter les mélodies de la chanteuse canadienne, il a invité sa fille Marouchka à pendre le micro sur les deux morceaux qu’ils ont repris. C’était sa première véritable scène et la jeune fille a fait preuve d’un grand professionnalisme. Sa voix diaphane et aérienne était superbement soutenue par les arpèges tout en finesse et délicatesse de son père à la Danelectro 12 cordes (modèle équivalent à celui de Jimmy Page). Un des très beaux moments de la soirée :

YouTube a reconnu le morceau mais ne l’a pas bloqué comme il l’a fait pour Morning Morgantown

Autre instant suspendu : la chanteuse et harpiste Naomi Greene, elle aussi avec une voix éthérée, se mariant parfaitement avec les sonorités cristallines de son instrument. se trouvant également dans une situation de « première », elle a souhaité faire un vœu

Charlie Winston, seule voix masculine de la soirée, a interprété Conversation, puis le mythique Woodstock, que je connais surtout par la version de Crosby, Stills, Nash & Young. Pour ces deux morceaux, l’un à la guitare et l’autre au piano, le chanteur britannique était accompagné par des superbes chœurs :

Parmi les choristes figurait Gail Ann Dorsey. Surtout connue pour son rôle de bassiste auprès de sommités telles David Bowie, Lenny Kravitz ou Mathieu Chedid, la musicienne américaine possède aussi des talents de chanteuse comme elle l’a prouvé en s’accompagnant d’abord seule à la guitare, puis interprétant Shades of Scarlett Conquering, un morceaux issu de ce qu’elle considère comme « le meilleur album de tous les temps » et qu’elle « emporterait sur une île déserte » : The Hissing of Summer Lawns, sorti en 1975.

Yaël Naim a terminé le set par le très beau Both Sides Now, en expliquant qu’il était toujours salutaire d’appréhender le monde en le regardant « de plusieurs côtés », comme le suggère le titre du morceau. Et que Joni Mitchell l’avait aidée à trouver ses propres mots, son propre langage pour écrire des chansons.

La soirée a fini en apothéose sur un collectif « improvisé », avec tous les artistes ensemble sur scène avec le titre de circonstance Free Man In Paris et un superbe final a capella, rythmé par le public qui n’a pas hésité à remercier cette très belle initiative par une standing ovation.

Dans l’assistance, des fans inconditionnels de Joni Mitchell ont confirmé avoir assisté à un magnifique spectacle, fidèle à l’esprit de l’artiste. L’ambiance était conviviale et décontractée, les nombreux changements de plateaux opérés par les techniciens donnant l’occasion aux musicien-ne-s de meubler de façon souvent cocasse. Une atmosphère qu’on retrouvera sans aucun doute dans la diffusion prochaine sur ARTE de ce concert filmé par de nombreuses caméras.

L’after-show a été l’occasion pour moi de féliciter Lail Arad qui m’a chaleureusement remercié de mon article « conséquent » sur franceinfo, ou Jesca Hoop que je connaissais par ses premières parties de Mark Knopfler, mais également de rencontrer plusieurs artistes que j’avais déjà chroniqués, notamment Delgres ou Flora Hibberd. Et Gail Ann Dorsey m’a expliqué qu’elle avait d’abord commencé par la guitare, avant la basse.

Un moment très sympathique à discuter musique et cuture, rendu possible par l’ami William rencontré enfin en chair en et en os, après de nombreuses années à échanger à distance… quand le site culture de France télévisions s’appelait encore « Culturebox ». Le plaisir était visiblement partagé par les participant-e-s de cette soirée comme en témoigne la vidéo postée aujourd’hui sur le compte Instagram thesongsofjonimitchell :

La productrice Cathy Bitton a été très applaudie pour son implication totale dans ce projet, et effectivement ça en valait la peine. J’ai eu le privilège d’y assister et je ne peux que féliciter tout ce beau monde qui a su si bien célébrer la musique de Joni Mitchell.

© Jean-François Convert – Novembre 2025

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