Le 5 septembre 2005 arrivait dans les bacs ce quatrième album de Richard Hawley. Son plus beau à mon goût.

Sommaire
Un coup de foudre musical
Je dois l’avouer je ne connaissais pas Richard Hawley il y a encore deux ans. Celui qui a été guitariste dans le groupe Pulp a débuté une carrière solo au début des années 2000, mais pour ma part je ne l’ai découvert qu’en décembre 2023 avec ce magnifique album Coles Corner qui reste encore mon préféré. Depuis, j’ai aussi apprécié son premier opus éponyme, souvent appelé Prize Bingo, et également beaucoup aimé In This City They Call You Love, sorti l’année dernière. Et j’ai eu la chance de le voir en concert.


Je suis immédiatement tombé amoureux de sa musique. Un mélange de mélodies intemporelles, de guitares cristallines et majestueuses, une voix de crooner mais parfois « timide », des arrangements subtils et raffinés, et des chansons qui semblent traverser les époques, des fifties à nos jours. Coles Corner réunit tout cela, et je ne saurais que recommander d’aborder la discographie de Richard Hawley par ces 10 morceaux qui me submergent d’émotion à chaque écoute.
L’album chanson par chanson
Coles Corner
Le morceau-titre plante le décor dans une ambiance cinématographique. Des violons qui dès l’intro prennent à la gorge mais sans en faire trop. Une couleur instantanément mélancolique et cette voix qui nous murmure à l’oreille la nostalgie des rendez-vous au Coles Corner, lieu bien connu des amoureux à Sheffield d’où est originaire Hawley. Le clip vidéo joue la carte surannée du film romantique avec un brin de tendresse, mais toujours une grand classe.
Just Like the Rain
Au concert auquel j’ai assisté, le songwriter a avoué avoir signé cette chanson le jour de son 16ème anniversaire. Superbe ballade folk qui le classe à mon sens au même niveau qu’un Elvis ou un Johnny Cash. On y devine l’évocation d’un premier amour adolescent.

Hotel Room
Richard Hawley est un romantique, cela ne fait aucun doute. Cette valse au sujet d’une chambre d’hôtel le confirme. Les arrangements cumulent les couches de guitares, mais de façon très élégante. Et la lapsteel gorgée d’echo et de reverb ne peut que nous bercer. Quant au changement de tonalité après le solo, il témoigne d’un goût harmonique incontestable.

Darlin’ Wait for Me
Encore la clase incarnée. Le passage sur le degré quatre en mineur enrichit ce qui n’aurait pu être qu’une suite d’accords classique. L’orchestration épurée, les balais sur la caisse claire, et toujours cette voix de velours… comment ne pas succomber ?

The Ocean
L’acmé de l’album. Mes poils se dressent dès les premières notes. Le leitmotiv va aller crescendo, à en devenir obsédant. On débute avec une ambiance feutrée, on termine sur une envolée épique pleine d’emphase. Les remous de l’océan… ou peut-être les tourments de la passion ? L’explosion de la voix puis de la guitare retranscrivent sublimement les soubresauts de l’âme face aux vagues des épreuves de la vie qui se jettent sur les rochers ancrés dans notre existence.
Il faut noter que la version single (très écourtée) accompagnée de son clip débute par le riff incandescent à la guitare avant de retomber sur le premier couplet. Je trouve qu’on y ressent moins le crescendo que dans la version album qui prend plus le temps de laisser monter progressivement la tension à mon goût.
Born Under a Bad Sign
Bien que ce soit le même titre qu’un célèbre blues signé Booker T. Jones et popularisé par Albert King ou Cream, il s’agit bien ici d’une composition originale. Une nouvelle fois dans le registre ballade folk à la Roy Orbison, avec toujours de très belles sonorités de guitares so sixties, un brin garage dans le solo.

I Sleep Alone
Tout comme sur Just Like the Rain, on lorgne ici outre-Atlantique. Un parfum country avec un rythme qui nous fait ressentir le galop dans les plaines de l’ouest américain, et des guitares très western.

Tonight
Le morceau jumeau de The Ocean pour moi. Ces deux titres sont ceux qui me procurent le plus de vibrations émotionnelles. Deux-trois accords en boucle, et une mélancolie palpable qui ne s’arrête plus. Avec seulement quelques notes, Richard Hawley suscite l’émoi intérieur comme personne. La consonance reste très mélancolique.

(Wading Through) The Waters of My Time
Les fantômes d’Elvis et Johnny Cash se réinvitent à nouveau avec cette ballade ternaire qu’on croirait surgie des studios Sun de Memphis. Le slap echo sur la voix et la guitare slide semblent avoir été enregistrées dans les années 50.

Who’s Gonna Shoe Your Pretty Little Feet?
Pour cette berceuse où un père s’adresse à son bébé, Richard Hawley choisit l’épure au maximum : juste une guitare acoustique et sa voix, et on imagine parfaitement le songwriter chantant à son enfant.

Last Orders
L’album se referme sur cet instrumental, tout aussi beau que ce que l’on a entendu jusqu’à présent. Il pourrait illustrer aussi bien un coucher de soleil qu’un clair de lune. La romance encore et toujours. Richard Hawley assume son côté sentimental, et on ne peut que le suivre dans sa déclaration d’amour en musique.

Bonus Tracks (Edition deluxe 20ème anniversaire)
A l’occasion des 20 ans de l’album, une Edition deluxe propose 29 titres en tout, soit 19 titres supplémentaires ! On y trouve entre autres une superbe version acoustique du morceau-titre, les versions singles de The ocean et Hotel room, et surtout des inédits savoureux : l’instrumental I’m Absolutely Hank Marvin avec la participation du légendaire guitariste des Shadows, une reprise du classique Long Black Veil, le romantique Room with a View (qui pourrait bien faire écho à Hotel Room ?), le westernien Dark Road, le sublimes instrumentaux Kelham Island et A Bird Never Flew on One Wing à l’influence vahinés, le plus rock et quasiment springsteenien Some Candy Talking, le magnifique Can You Hear the Rain, Love? (décidément la thématique de la pluie est récurrente chez lui), des versions live acoustiques (très beau Young and Beautiful)., la note de fin sur la version acoustique de Darlin’ Wait for Me…
Retrouvez tous ces morceaux bonus dans la playlist en lien au début de cet article

Cette édition offre quelques goodies dont une petite boite à musique reprenant le thème du morceau-titre, qui était déjà disponible dès 2020. Un parfum d’enfance et de nostalgie qui colle bien à l’esprit de ce petit bijou d’album, sorti il y a tout juste 20 ans aujourd’hui.
© Jean-François Convert – Septembre 2025