Le 2 juin 1995, le film ‘Sur la route de Madison’ arrivait dans les salles de cinéma américaines. Une histoire à laquelle il est difficile de rester insensible.

Dans l’inconscient collectif, Clint Eastwood a longtemps incarné un machisme caricatural à travers ses personnages de cow-boys taciturnes, flics violents ou militaires revêches. Pourtant, dès sa première réalisation Un frisson dans la nuit, ou dans Les proies de Don Siegel, il a su prendre son personnage de mâle dominant à à revers et montrer qu’il pouvait aussi exceller à contre-emploi. Dans plusieurs films comme Breezy, Bronco Billy ou encore HonkyTonk Man, il a fait preuve d’une sensibilité insoupçonnée jusqu’alors. Sans parler de son témoignage d’amour du jazz avec le fabuleux Bird en 1988.
Mais c’est surtout avec Sur la route de Madison que le grand public découvre sa fibre romantique. Adapté du roman du même nom de Robert James Waller, best-seller paru en 1992, The Bridges of Madison County en V.O. sort dans les salles en 1995.
Pour ma part, je l’ai vu en 1998, alors que je travaillais en régie finale à France 2. J’en garde un souvenir émotionnel très fort. Comment rester insensible à cette histoire d’amour impossible ? Clint Eastwood et Meryl Streep jouent à fleur de peau. L’acteur est doublé en français par Alain Doutey, voix inhabituelle dans sa filmographie, ce qui lui confère un caractère singulier. On oublie le Clint Eatswood aux gros bras (même si on peut tout de même admirer sa musculature) pour rencontrer un homme touchant, timide, sincère. Meryl Streep quant à elle est merveilleuse de naturel, rien d’étonnant à ce qu’elle ait été nommée pour l’Oscar de la meilleure actrice en 1996, même si elle ne l’a pas obtenu.

Le film a lui aussi été nommé dans de nombreux palmarès (Golden Globes, Césars, Japanese Academy…) et a également reçu plusieurs distinctions. Il a apporté à Clint Eastwood une reconnaissance supplémentaire par ses pairs et le public. Je ne l’ai jamais revu. Pas sûr que j’y arriverais sans pleurer à nouveau… Je préfère imaginer que Robert et Francesca ont fini par se retrouver, quelque part, dans une autre vie.
© Jean-François Convert – Mai 2025