Le tome ‘Révélations’, faisant suite à ‘Résurrection’, est sorti avant-hier. Je suis la bande dessinée ‘Soda’ depuis ses débuts dans les années 80.
J’ai découvert Soda en 1986 dans le magazine Spirou grâce au même camarade de classe qui m’avait initié à XIII par le même biais (Eric si tu me lis…). J’ai ensuite acheté régulièrement les 12 tomes jusqu’en 2005, me délectant à chaque fois des dessins, des dialogues, des références (notamment à XIII dans l’album Dieu seul le sait) et de cette ambiance si particulière où un flic New-Yorkais se fait passer pour un pasteur auprès de sa mère. Et puis, impossible de ne pas remarquer son arme, un Colt Python 357, qui m’a bien sûr rappelé le film avec Yves Montand (même s’il y a la différences de modèles de cannons 4 et 6 pouces).
Alors que je pensais la série terminée, l’année dernière est sorti à ma grande surprise Le pasteur sanglant, qui selon les sites est référencé soit comme le tome 13, soit comme un hors-série. Il faut préciser que la couverture n’est pas numérotée comme le sont tous les autres albums de la série, et que le scénariste n’est plus Philippe Tome, décédé en 2019, mais Olivier Bocquet, juste pour ce One shot.
Plus perturbant, certains sites le présentent comme le numéro 13bis, en invoquant un réel tome 13 paru en 2014 : Résurrection… avec d’ailleurs une couverture affichant XIII en chiffres romains comme l’autre célèbre série ! Deuxième référence donc, à l’œuvre de Van Hamme et Vance. L’édition de droite est un tirage limité à 999 exemplaires réservés à la librairie BD World avec une couverture inédite, et en fin d’album un dossier de huit pages sur Soda et le 11 septembre 2001
Je ne ne me souviens pas avoir vu passer la sortie de cet album il y a 10 ans. Et ce 15 novembre 2024, Résurrection est présenté comme le premier volume d’un hors-série en deux tomes qui se poursuit avec Révélations, tous deux sortis avant-hier. Ou en tout cas sorti pour le deuxième, et réédité pour le premier, mais avec cette fois la mention 1/2, et non plus XIII… le dépôt légal indique « Novembre 2024 ».
Après les avoir lus, je comprends un peu mieux. Explications :
En 2014, le scénariste Philippe Tome écrit Révélations, comme étant le Tome XIII de la série, et confie le dessin à Dan Verlinden. L’histoire tourne autour des attentats du 11 septembre 2001, sujet qui passionne Philippe Tome. D’ailleurs, en 2014 sort un tirage limité à 999 exemplaires réservés à la librairie BD World, avec une couverture inédite, et un dossier de huit pages sur Soda et le 11 septembre 2001.
Philippe Tome y explique son lien affectif avec la ville de New York et toutes les thématiques qui lui ont inspiré les aventures de Soda. Il s’est notamment intéressé à de nombreux dossiers traitant des attentats du 11 septembre, des zones d’ombre encore non expliquées, ainsi qu’aux conséquences de cet évènement dramatique majeur, en particulier la course au tout sécuritaire et à la surveillance généralisée. C’est le thème central de cet épisode, qu’il précise bien être « fictionnel » mais qui s’appuie sur une documentation touffue et détaillée.
L’histoire était dès l’origine pensée comme un diptyque et un numéro spécial de la série. Peut-être même était-il déjà envisagé come le dernier. Malheureusement, décédé en 2019, Philippe Tome n’aura pas pu achever son œuvre. Ses enfants Noam et Zoé ont choisi de le faire avec l’aide des scénaristes Flazar et Zidrou, à partir des notes de leur père, comme il l’expliquent en préambule de Révélation, deuxième partie de l’histoire et donc en quelque sorte le Tome XIV de Soda. Toutefois, les éditions Dupuis le présentent comme un « hors-série ». Les mentions XIII et XIV n’apparaissent plus et ont été remplacés par 1/2 et 2/2.
La mise en page présente les planches sur fond noir, ce qui renforce l’ambiance très sombre de l’épisode. J’ai senti un retour aux sources dans l’esprit des premiers dessins de Luc Warnant. Plus réalistes que ceux de Gazotti. Ici, Soda est la quasi-totalité du temps en civil et non pas en pasteur comme c’était l’habitude dans les autres numéros. Même si l’humour est toujours présent, il est souvent plus grinçant et accompagne une vision très noire de la société. Petit bémol, le Colt Python n’est pas aussi bien dessiné qu’il l’était par Warnant. Mais certains angles et perspectives sont très bien cadrés par Verlinden.
Il s’agit donc bien d’une histoire spéciale, en deux tomes qui aurait pu très bien conclure la série. Sauf que la parution du Pasteur sanglant l’année dernière semble indiquer que Soda continue avec Gazotti au dessin et Bocquet au scénario mais en se situant chronologiquement avant ces deux épisodes que sont Résurrection et Révélations. On le constate notamment au destin de certains personnages… mais je ne vous en dis pas plus. En revanche je vous les conseille fortement.
Et Philippe Tome n’étant plus là, on ne saura a priori jamais l’origine de l’accident ayant coûté deux doigts au flic new-yorkais. Une caractéristique du personnage de Soda dont je pensais avoir un jour l’explication… depuis ces presque quatre décennies que je lis ses aventures.
© Jean-François Convert – Novembre 2024
Il y a bien une explication au gant à trois doigts, confirmée plusieurs fois par Tome en interview – il s’agit d’un clin d’œil à un album de Gil Jourdan par Maurice Tillieux. https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Gant_%C3%A0_trois_doigts
Une explication dans l’histoire ? Non certes, il n’y en a pas. Et je doute qu’il y en ait une un jour à présent que Philippe Tome est décédé ; il faudrait beaucoup d’orgueil à son successeur pour prétendre répondre à cette question et personnellement je ne le souhaite pas. Les zones d’ombre ont pour vocation d’étoffer un personnage, dans le cas présent Soda est affligé d’un handicap qui équilibre sa propension à dégainer très facilement, une explication ne pourrait se mesurer à celles que brode chaque lecteur en considérant cette main blessée.
merci pour l’info et le lien, je ne savais pas.
Oui je suis d’accord, c’est bien aussi de ne pas toujours tout expliquer