Eric Bibb : Quand le blues authentique rime avec élégance

Le nouvel album d’Eric Bibb Ridin’ sort le 24 mars. Du blues toujours très classe aux accents folk et country avec plusieurs invités. Découvrez le premier single ‘Family’.

Parmi les bluesmen actuels, Eric Bibb est sans doute celui qui perpétue le mieux la tradition d’un blues authentique et respectueux de son histoire. En 2017, il faisait résonner l’actualité tragique des migrants avec l’errance des afro-américains de l’entre deux guerres dans Migration Blues, et l’année suivante son double album Global Griot rappelait l’ancrage du blues dans ses racines africaines et la tradition des Griots, ces conteurs ancestraux transmettant oralement l’Histoire de génération en génération.

Ces valeurs de la transmission et de la famille se retrouvent dans son nouvel opus Ridin’ qui sort le 24 mars. Notamment dans le magnifique Joybells et son énumération de personnalités marquantes, mais aussi dans le bien nommé People you love, ou encore sur le premier single dévoilé début décembre, et qui ouvre le disque, Family :

Le reste de l’album est parcouru de ce mélange qui force le respect : instrumentation sans esbrouffe ni fioritures, juste les bons arrangements là où il faut, quand il faut. Majoritairement acoustiques, les orchestrations flirtent constamment avec la grâce et la majestuosité. C’est particulièrement le cas sur les deux petits bijoux instrumentaux : Ownards, situé à la moitié du disque, et qualifié d’interlude, et Church Bells, tout simplement sous-titré « outro ».

Même si le morceau-titre est un shuffle lancinant bien marqué avec guitare slide, et au nom évocateur, renforcé par la pochette, Eric Bibb ne se cantonne que rarement dans le pur blues. Plusieurs chansons offrent des couleurs folk ou country avec mélodies ciselées et superbes harmonies vocales à consonnance Gospel (Joybells, Hold the line), ou pedal steel et chœurs façon pop classique (People you love). On trouve même une très belle reprise du standard 500 Miles, ballade traditionnelle américaine bien connue en France par la version de Richard Anthony J’entends siffler le train. Même les morceaux les plus bluesy gardent des ambiances légèrement gospel (Tulsa Town)

Les différents invités apportent chacun une touche différente : le vétéran Taj Mahal fait sonner Blues funky like that comme s’il avait été enregistré sur les rives du Mississippi, Russell Malone apporte sa guitare jazz sur The Ballad of John Howard Griffin et Hold the line, le malien Habib Koité chante et joue de la kora sur Free, la guitare de Amar Sundy, franco-algérien issu d’une famille de Touaregs, sonne très Chicago-blues sur I got my own. Quant au canadien Harrison Kennedy, descendant d’esclaves enfuis des plantations sudistes, il intervient sur Call me by my name, dont le riff à la guitare semble inspiré du célèbre 44 blues (originellement de Roosevelt Sykes, mais repris par entre autres Howlin’ Wolf, et surtout cette version de Benjamin Tehoval où on entend bien le motif à la guitare).

Au sein des 15 titres de l’album, on trouve un morceau interprété en live au Weathland Festival : une reprise de Sinnerman de Nina Simone. Eric Bibb sera d’ailleurs en tournée dès le mois de février en Australie, puis au mois de mai en Irlande et Grande-Bretagne. Pour l’instant pas de date annoncée en France, on espère que ça va venir. Infos à suivre sur son site officiel.

© Jean-François Convert – Janvier 2023

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