Le songwriter américain Ray LaMontagne vient de sortir ‘Long Way Home’, son neuvième album studio, le premier depuis quatre ans. Un petit bijou country-folk avec une pointe de soul.
Auteur-compositeur-interprète depuis 20 ans, et lauréat d’un Grammy Award en 2011, Ray LaMontagne joue et chante un country-folk-americana dans la lignée de ses illustres prédécesseurs, que ce soit Stephen Stills ou Townes Van Zandt, deux artistes qui l’ont poussé à se lancer dans le métier. Son nouvel album Long way home vient de sortir, et j’ai vraiment eu un coup de cœur pour ces neuf titres tous plus beaux les uns que les autres.
L’album s’ouvre sur Step Into Your Power, au groove soul et au refrain entrainant. Le morceau est sorti en premier single avec un clip en stop motion réalisé par Tobias LaMontagne, le fils du chanteur.
Dès la deuxième chanson, I Wouldn’t Change A Thing, on rentre dans une atmosphère résolument country, notamment à travers le son de la Pedal steel. Un texte empreint de nostalgie où LaMontagne réfléchit à son voyage parcouru, acceptant les bons et moins bons moments. D’un côté il aimerait remonter le temps, et de l’autre il avoue qu’il « ne changerait rien ». C’est le troisième extrait de l’album à être paru en single mi-août, coïncidant avec la sortie du disque.
Avec Yearning, c’est l’ambiance folk qui s’installe. Douceur et plénitude grâce aux guitares acoustiques limpides, la chaleur de l’orgue, les cordes aériennes et le timbre particulier de la voix. And They Called Her California m’a fait instantanément penser à Out on the weekend sur Harvest de Neil Young. Même nonchalance dans le rythme et un harmonica on ne peut plus mélancolique. La De Dum, La De Da offre un intermède quasi-instrumental où la voix empile les vocalises en forme d’incantations. My Lady Fair redynamise la tracklist avec une sensation de reprendre la route, mais un mix surprenant : la batterie uniquement sur le canal gauche, peut-être pour appuyer la couleur old school du morceau avec son orgue Hammond tellement sixties et ses cuivres, eux mixés complètement à droite.
The Way Things Are est une autre perle de l’album. Sa mélodie, sa voix, ses sonorités m’ont immédiatement évoqué When I’m yours de Murray Head, mais aussi du Crosby, Stills & Nash. Une pépite en suit une autre avec le pur instrumental So, Damned, Blue aux effluves hawaiiennes (j’y entends des similitudes avec certains passages de la musique du film The Descendants). Et sa tonalité ainsi que ses arpèges l’installent comme l’introduction du morceau-titre qui referme l’album. Long Way Home est une pure merveille avec ses cordes majestueuses et la voix touchante de LaMontagne. Le clip présente des visuels de son fils Tobias et des collages de sa belle-fille Bella.
Pour écrire cet album, Ray LaMontagne confesse avoir puisé dans ses souvenirs : à 21 ans, il se souvient avoir vu Townes Van Zandt se produire dans un petit club de Minneapolis, et il garde notamment en mémoire un vers de la chanson A Live Is To Fly : « Where you been is good and gone / All you keep is the getting there » (« Là où tu as été, c’est bien et c’est parti / Tout ce que tu gardes, c’est le chemin parcouru »).
Aujourd’hui, LaMontagne raconte : « Trente ans plus tard, il me vient à l’esprit que chaque chanson de ‘Long Way Home’ est d’une manière ou d’une autre, honorer le voyage. Les jours langoureux de la jeunesse et de l’innocence. Les innombrables batailles de l’âge adulte, certaines gagnées, plus souvent perdues. La route a été longue et difficile, et je n’en changerais pas une minute. Il m’a fallu neuf chansons pour exprimer ce que Townes a réussi à dire en une seule ligne. Je suppose que j’ai encore beaucoup à apprendre. »
Une humilité non feinte, et pourtant cet album Long Way Home n’a rien à envier aux références du genre. Produit en tandem avec Seth Kauffman, ce disque rappelle l’explosion folk-rock du début des années soixante-dix, et confirme le rôle essentiel qu’a joué Ray LaMontagne dans le renouveau actuel de la musique américaine.
© Jean-François Convert – Août 2024