Le combo soul-blues-rock revient avec un second opus chez Dixie Frog. Jessie Lee et ses ‘Alchimistes’ transforment l’essai avec ‘Let it shine’, dans les bacs le 7 mai.
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Un groupe au talent reconnu
Le parcours de Jessie Lee and the Alchemists force le respect : Qualifié « d’espoir de la scène blues européenne », le groupe a récolté 5 Prix lors de l’International Mississippi Blues Trail Challenge en 2018. Puis, en tant que lauréat du Challenge France Blues en 2019, il sera représentant français à l’European Blues Challenge de 2021. Le tout bien évidemment saupoudré d’une reconnaissance scénique européenne. Et sans oublier les performances de la chanteuse Jessie Lee à l’émission The Voice en 2016, avec par exemple ses reprises de Janis Joplin, Aerosmith ou Etta James.
Dès 2019, Jessie Lee et ses ‘Alchimistes’ ont d’ailleurs joué des morceaux figurant sur ce nouvel album prévu pour le 7 mai 2021. Notamment Another qui ouvre le disque, avec son riff zeppelinien, dans une ambiance à mi-chemin entre soul et heavy rock :
Une voix et une guitare
D’emblée on est saisi par l’intensité de la voix de Jessie Lee, et la virtuosité du jeu de guitare d’Alexis Didier (qui signe également la composition et la réalisation de l’album). Ce qui n’enlève rien aux trois autres musiciens : le bassiste Laurent Cokelaere et le batteur Stéphane Minana assurent une rythmique à la fois carrée et groovy, qui plantent les fondations solides pour maintenir l’édifice, et Laurent Daire aux claviers apporte la touche soul et jazzy voire presque prog parfois. C’est le cas par exemple dans le dernier morceau, I don’t need to say, ballade qui commence calme et acoustique, avant d’exploser sur près de 9 minutes avec un final dont la progression d’accords lancinante fait un peu penser à Würm de Yes. Et cette voix qui s’envole dans les hautes sphères.
Une voix puissante, à la fois rauque, rugueuse, mais aussi éthérée et aérienne quand il faut. Une voix qui évoque instantanément les grandes chanteuses blues-soul-rock de Janis Joplin à Beth Hart. Sans compter une troublante ressemblance physique entre Beth et Jessie :
Côté guitare, Beth Hart a souvent été accompagnée par Joe Bonamassa, mais ici on pense plutôt à Jeff Beck, tant Alexis Didier s’est approprié la technique du maitre : la main droite joue sans médiator, beaucoup avec le pouce, et la barre de vibrato constamment dans la paume, un style adopté par Beck à partir de 1980. On peut apprécier ce jeu particulier notamment dans Sometimes, blues au riff lourd et pesant, et où la guitare double le chant avec une déconcertante facilité :
Des influences parfaitement assimilées
Mais il serait faux et réducteur de cantonner le groupe des Alchemists à des copies strictes de Beth Hart et Jeff Beck. Bien au contraire, les références de leur musique sont multiples. Que ce soit le mélange de blues et de soul dans But you lie avec ses cuivres chaleureux et ses chœurs so sixties, le rock syncopé de You gotta, le riff entêtant et les mélodies arabo-andalouses, voire carrément orientales, de The Same, le shuffle rapide de Get out of my head, ou la ballade funky You took my mind away et sa wah-wah aux sonorités dignes des plus grands de la six-cordes. Les fans de Jimi Hendrix auront d’ailleurs noté qu’Alexis Didier arbore une veste militaire un peu dans le même esprit que celle du divin gaucher durant sa période swinging London :
© Dean John Lazzaro / Wikimedia Commons
Les grandes références du rock, du blues et de la soul sont donc à l’honneur et parfaitement digérées pour en proposer un cocktail jouissif, et qui fait mouche à chaque morceau. La chanson-titre de l’album Let it shine offre une ambiance cool et groovy, avec un son de guitare très BB King dans la première moitié. Puis on s’envole vers un final solaire (pas étonnant vu le titre) et le superbe solo de fin évoque encore une fois Jeff Beck, mais aussi des couleurs à la Steve Howe.
Autre final sublime, celui du blues aérien One Only Thing, avec une guitare majestueuse. Ou plutôt deux guitares devrait-on dire, car Jessie Lee n’est pas qu’une chanteuse habitée, elle excelle aussi dans le maniement de la six-cordes. Et le lead harmonisé entre elle et Alexis nous donne à écouter une osmose évidente qui transpire dans chaque note :
Un album qui se savoure du début à la fin. A retrouver dans les bacs le 7 mai, chez Dixie Frog, qui d’ailleurs fêtera ses 35 ans d’existence ce même mois. On espère qu’une seule chose : pouvoir aller écouter ces morceaux sur scène prochainement…
© Jean-François Convert – Mars 2021
Infos via Bruno Labati / Sophie Louvet