Les musiques des films de Jean-Paul Belmondo

Beaucoup de films de Belmondo ont été immortalisés aussi par des musiques inoubliables. Petit tour d’horizon, non exhaustif bien sûr.

Borsalino (1970)

En 1970, Claude Bolling compose ce thème délicieusement rétro au piano bastringue pour retranscrire l’atmosphère du Marseille des années 30, date à laquelle se déroule l’action du film. Un film qui met en scène le duo Belmondo-Delon, souvent présenté comme rivaux dans le cinéma français.

La version figurant dans le générique début du film diffère légèrement du thème présent sur la bande originale : l’intro, et le final.

La scoumoune (1972)

On reste dans le milieu des gangsters, à la même période, et toujours à Marseille. Mais deux ans plus tard, en 1972, François de Roubaix opte pour une musique plus moderne qui mêle orgue de barbarie et synthétiseurs. Une ritournelle inoubliable à la fois contemporaine et rétro, qui se fond dans les scènes du film à travers le personnage de Migli.

Peur sur la ville (1975)

Un coup voleur, un coup gendarme, Jean-Paul Belmondo aura joué dans les deux camps. Dans ce film d’Henri Verneuil, il campe un policer « aux gros bras » qui n’a peur de rien. Et la musique inquiétante de Morricone donne des frissons. Des battements de cœur, un piano angoissant, un sifflement lugubre, et des cuivres stridents.

Je l’ai réécoutée ce matin dans le métro… effet saisissant… on s’attendrait presque à entendre les pas de Bébel sur le toit de la rame !

L’incorrigible (1975)

Georges Delerue, célèbre pour ses musiques dramatiques, tragiques voire inquiétantes (Le vieil homme et l’enfant, Le mépris, Police Python 357) signe ici une mélodie légère et enlevée. Un air badin bien dans l’esprit du personnage extravagant de Bébel dans ce film où il cabotine sans retenue. Un jeu qui devient réellement sa marque de fabrique à partir de ce milieu des seventies.

Une musique qui donne une couleur théâtrale décalée. Une représentation de pacotille pour notre homme « incorrigible », drôle et touchant.

Flic ou voyou (1979)

On retrouve un peu la même ambiance dans Flic ou voyou de Georges Lautner. Bien que commissaire divisionnaire, notre Bébel national relève plus de la comedia dell’arte que de l’actor studio dans cette comédie policière dialoguée par Audiard. Et pour accompagner ses élucubrations verbales, Philippe Sarde compose cette musique dans un esprit musique de chambre où la préciosité du jeu frise souvent le ridicule de la situation.

Et de façon tout à fait surprenante, le style bifurque sans prévenir vers une sorte de jazz-rock progressif. Les autres morceaux de la bande originale tendent vers le jazzy mélancolique, et la contrebasse y tient souvent un rôle prépondérant, sans doute l’instrument fétiche de Sarde comme il l’a également montré dans Le choix des armes.

Le professionnel (1981)

Sans doute la musique d’un film avec Belmondo la plus connue, une des musiques de Morricone les plus connues, et n’ayons pas peur des mots, une des musiques de cinéma les plus connues tout court. Le film débute sur la très belle partition Le vent, le cri, mais on retient souvent plutôt le morceau Chi Mai, qui clôt notamment le long-métrage dans une fin inhabituelle pour Bébel. Dommage que cette musique soit restée à la postérité comme associée à un chien courant dans les blés pour une marque d’alimentation canine.

Le marginal (1983)

Morricone encore pour cet énième rôle de flic solitaire et musclé. Un thème qui allie basse funky, cordes puissantes, et mélodie romantico-nostalgique. Une bande originale dans la lignée des musiques du compositeur italien de cette période. Après Le Casse (1971), Peur sur la ville (1981) et Le professionnel (1981), cette musique du Marginal en 1983 est la dernière composition de Morricone pour un film avec Belmondo.

Itinéraire d’un enfant gâté (1988)

Lorsque Claude Lelouch propose ce rôle de Sam Lion à Belmondo à la fin des années 80, il ne sait sans doute pas que le film va devenir emblématique de la troisième partie de la carrière de l’acteur. Une dernière période amorcée l’année précédente avec le triomphe des représentations théâtrales de Kean. D’autant que Lelouch a déjà travaillé avec Belmondo en 1969 pour Un homme qui me plaît avec Annie Girardot. Mais le film n’a pas rencontré le succès escompté. Cette fois, le public va adhérer à ce rôle de composition qui donne l’occasion à Bébel de redevenir Jean-Paul Belmondo. Les deux hommes retravailleront ensemble encore à deux reprises : Les Misérables en 1995 et le documentaire D’un film à l’autre en 2011.

Pour la musique de Itinéraire d’un enfant gâté, en plus des chansons de Brel, Berger… le réalisateur fait appel à son compositeur fétiche Francis Laï et sa chanteuse incontournable Nicole Croisille. La chanson Qui me dira évoque le parcours du personnage Sam Lion à travers le cirque, mais pourrait tout aussi bien s’adresser à l’acteur Belmondo.

En définitive, les musiques des films de Bébel lui ont toujours correspondu : de la légèreté, de l’enthousiasme, du suspense, de l’action, de l’humour, de la romance, du lyrisme… A travers la filmographie de Jean-Paul Belmondo, c’est une bien belle manière de conjuguer les amours de la musique et du cinéma.

© Jean-François Convert – Septembre 2021

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