La tournée de Louis Bertignac plus pop que la précédente

Louis Bertignac était en concert à Lyon ce 5 décembre. Une couleur moins blues-rock que son précédent passage dans la capitale des Gaules.

Mardi dernier, Louis Bertignac jouait à la Bourse du travail, dans le 3ème arrondissement de Lyon. Un concert à son image : convivial, sympathique et rock’n’roll, mais aussi tendre et mélodique.

Rozedale en première partie

Je suis le groupe Rozedale depuis maintenant plus de 6 ans et leur premier album Long way to go en mai 2017. Habituellement en quatuor, les alsaciens ouvrent pour Louis Bertignac en formule duo acoustique. On pourrait presque dire trio, puisque la chanteuse Amandyn attend un heureux évènement pour le printemps.

Une voix toujours aussi puissante, et la guitare de Charlie qui tricote allégrement, parfois avec un looper. Deux reprises : le traditionnel Babe I’m Gonna Leave You rendu célèbre par Joan Baez et surtout Led Zeppelin, et également Nutbush City Limits en hommage à Tina Turner. Un titre que Rozedale reprend depuis ses débuts sur scène.

Le set se termine par le très beau Silent of the sun qui clôt le nouvel album Anywhere Far Away sorti ce 8 décembre. Et les disques sont justement arrivés le matin même, Amandyn et Charlie ont ainsi pu les proposer au merchandising après le concert. L’occasion de les croiser, je ne les avais pas revus depuis notre interview en 2019 à Vienne.

Concert assis ?… pas pour longtemps

La configuration entièrement assise de la Bourse du travail pouvait sembler inadaptée à un concert de Bertignac, plutôt habitué à des salles comme Le Transbordeur. Et le chanteur-guitariste ne s’y est pas trompé : dès le troisième titre, il a invité le public à se lever.

« Ceux qui veulent vous pouvez vous lever… je me porte garant de ceux qui sont derrière, ils seront obligés de se lever aussi ! »

Louis Bertignac

Et comme il n’y avait pas de zone « crash », on s’est retrouvé direct contre la scène. Bonne ambiance, qui collait mieux à son esprit, parce que comme il le dit lui-même « c’est du rock’n’roll ! ». Et lorsqu’il demande au public d’imiter un avion qui décolle, c’est tout simplement pour entonner New York avec toi :

Rock’n’roll, mais aussi pop

Oui bien sûr, Bertignac joue du rock’n’roll, mais cette tournée affiche des couleurs plus pop, à l’instar du dernier album Dans le film de ma vie, sorti début juin.

Déjà, le rajout d’un clavier tranche avec l’habituelle formule en power trio à laquelle il nous avait habitué depuis plusieurs années. Plusieurs morceaux bénéficient ainsi de notes de piano mélancoliques, ou de nappes imposantes qui élargissent grandement l’espace sonore. Et puis ce clavier donne l’occasion à Louis de jouer le swinguant Jack en version électrique, une chanson qui trônait auparavant dans le set acoustique de ses concerts en trio, forcément aux accents plus blues-rock.

Jack, c’est le prénom de son fils nous confie le chanteur, qui nous parle à plusieurs reprises de sa famille, de sa santé, du confinement, de sa femme, de ses enfants…

Humour et tendresse

Beaucoup d’interaction avec le public. Louis nous parle entre chaque chanson, nous raconte telle anecdote ayant servi d’inspiration aux morceaux. Son hypocondrie (« docteur Bertignac »), ses déboires conjugaux, sa joie d’être papa… Derrière ses blagues se cache une tendresse naturelle. Et même s’il ironise sur ses chansons moins drôles « Voici une chanson un peu triste mais c’est rien à côté de celle qui vient après ! », on sent bien sa sensibilité à fleur de peau, notamment dans le très beau Avant qu’il soit trop tard :

Un Bertignac tendre, mais qui reste un peu rock quand même !

De la guitare, du rock, et des classiques

Car un concert de l’ex-guitariste de Téléphone n’en serait pas vraiment un sans quelques fulgurances à la six-cordes. Les solos ne sont pas toujours ultraprécis, mais on s’en fiche, ce qui prime ici c’est la spontanéité, et le plaisir évident de jouer.

Et puis il nous présente sa mythique guitare qui fête ses 60 ans cette année, et qu’il possède depuis un demi-siècle : Sa Gibson SG de 1963 (qui est en fait un modèle estampillé « Les Paul », avant que Gibson ne les rebaptise en « SG » en 1964) est désormais aussi célèbre que lui.

Maltraitée pendant toutes ces décennies, elle a connu de nombreuse réparations, recollages de tête entre autres. Et le guitariste lui a même dédié une chanson, qu’il s’empresse de jouer : Vas-y guitare.

La guitare et le rock’n’roll, on sent bien que ce sont ses raisons de vivre à Louis. Même s’il ne joue pas de reprises anglo-saxonnes comme lors de son précédent passage à Lyon en 2013, il n’hésite pas à insérer quelques citations musicales par ci par là, dont une assez cocasse à travers le thème de James Bond pour présenter les musiciens (« My name is Bertignac, Louis Bertignac ») dans le morceau C’est OK :

On retrouve aussi l’habituel refrain de So Lonely dans l’incontournable Cendrillon, le riff de Day Tripper dans Ça (c’est vraiment toi) qui s’enchaine sur (I can’t get no Satisfaction) et se termine sur Hey Jude. Normal pour quelqu’un qui comme moi aime autant les Beatles que les Stones, un goût qu’il m’avait confirmé en interview en 2018.

Un autre monde arrive tout naturellement en guise de final, où Louis demande au public de chanter des paroles que forcément tout le monde connait par cœur :

Mais heureusement on a droit à un rappel avec l’indétrônable Ces idées-là. De l’aveu même de l’artiste, cette chansons a pris récemment des intonations différentes depuis le drame au Moyen-Orient le 7 octobre. Quelques jours après, il avait crié sa douleur sur scène :

Et depuis, il ne manque jamais de redire son émotion à travers ce morceau. Et le public entonne les chœurs sans se faire prier.

Après le concert, j’ai pu lui dire deux-trois mots, notamment l’excellent souvenir que je gardais de notre entrevue par téléphone il y a 5 ans. Quelqu’un avec qui on aimerait papoter pendant des heures, de musique, de guitare… et qui nous donne la sensation d’avoir toujours 20 ans. Entendre ses chansons comme au premier jour et garder un brin d’innocence dans sa tête. Le film de sa vie, c’est aussi un peu le notre. Merci Louis.

© Jean-François Convert – Décembre 2023

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