Le maître du suspense est né le 13 août 1899. Il a marqué le septième art comme aucun autre réalisateur. Parmi ses multiples talents, son utilisation de la musique, et sa collaboration avec Bernard Hermann lui valaient bien une chronique sur ce blog musical, pour son anniversaire.
Sommaire
Une source d’étude inépuisable
Le cinéma d’Alfred Hitchcock offre de multiples angles d’études pour des générations entières de passionnés de cinéma. La construction minutieuse de ses films passait par moult aspects qui ont été décortiqués dans des livres, des documentaires, des débats, des écoles, des universités (où j’ai étudié) : les cadrages, le montage, les génériques, la direction d’acteurs, le scénario… l’œuvre de Sir Alfred est d’une richesse infinie.
Je me souviens, entre autres, avoir dévoré les entretiens avec Truffaut, avoir été traumatisé par Psychose (je ne l’ai toujours pas revu, mais en revanche le documentaire “78/52”, si), avoir disséqué la séquence d’introduction de Vertigo à la fac, avoir vu La mort aux trousses lors d’une diffusion à la Dernière séance, être allé voir Fenêtre sur cour au cinéma Le Méliès, pour une ressortie en salle…
Les films d’Hitckcock, ce sont avant tout une foule de souvenirs d’enfance et d’adolescence. Mais c’est aussi encore des découvertes récentes au travers de documentaires, dont l’excellent “Blow Up, Alfred Hitchcock en 8 minutes”, de Luc Lagier sur ARTE :
Des niveaux de lecture multiples
Les films d’Hitchcock peuvent se regarder à différents niveaux de signification.
On connait bien sûr l’attirance/répulsion du réalisateur rondouillard pour le sexe, et sa façon de l’insérer en filigrane dans des plans ou des séquences a priori sans rapport avec la chose. Truffaut disait de Hitch qu’il filmait les scènes d’amour comme des scènes de meurtre, et inversement. Une des métaphores dont le cinéaste était le plus fier est le très célèbre plan de fin de La mort aux trousses qui montre un train rentrant dans un tunnel…Moins connue, l’allusion faite au début de Psychose, qui commence juste après l’amour : quand on sait que Psychose est le film qui a suivi La mort aux trousses, on imagine à quel point le Sir british pouvait glisser des subtils degrés de lecture, même entre ses films.
Mais l’allégorie que je trouve la plus achevée, est celle de Fenêtre sur cour : au-delà du suspense policier, au delà de la réflexion sur le voyeurisme, Hitchcock élabore une véritable métaphore du cinéma, qui comme le disait Godard est “une fenêtre ouverte sur le monde”. Chaque fenêtre représente un genre cinématographique : le mélo, la comédie musicale, le drame familial, l’étude de mœurs, etc…et bien évidemment, le cinéaste choisit le film policier.
Les musiques des films de Hitch
Un élément capital dans les œuvres du maître du suspense est bien évidemment la musique. Sa collaboration avec Bernard Hermann est du même acabit que le duo Leone/Morricone.
La scène de la douche est indissociable des accents stridents de cordes, idée de génie à la fois du compositeur et du réalisateur. Une vidéo YouTube a juxtaposé la vraie scène de Psychose, et celle du biopic avec Anthony Hopkins :
La musique de La mort aux trousses est elle aussi remarquable, notamment dans le générique, qui annonce une tension sous-jacente, avant-même que le film ait débuté :
Le thème de Marnie est quant à lui d’un lyrisme et d’un romantisme flamboyants. L’intensité passionnelle et dramatique transpire à travers cette envolée orchestrale pleine d’emphase
Enfin, sans doute l’une des plus belles musiques de films de tous les temps, celle de Vertigo (Sueurs froides). Hermann a su mêler habilement une sensation étrange de vertige, un thème légèrement inquiétant, avec une mélodie dans la grande tradition des thèmes musicaux amoureux. La célèbre scène du travelling circulaire à 360° nous emporte dans un tourbillon, en même temps que les personnages, et le compositeur arrive même à y glisser des couleurs de fête foraine, qui ajoutent à la dimension surréaliste, onirique, voire fantasmagorique de la situation :
Le maitre des “cameo”
Impossible de terminer cette chronique sans évoquer une des marques de fabrique du réalisateur, parmi les plus connues : il tenait à apparaître dans chacun de ses films. On ne va pas les citer tous, mais quelques uns parmi les plus connus :
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Celui dans La mort aux trousses (qu’on voit à la fin de la vidéo du générique du film, dans le paragraphe précédent, ci-dessus)
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Un qui ne laissait que très peu de possibilités est celui de La corde, qui devait intervenir avant que l’histoire ne s’enferme en huis-clos (rappelons au passage que le film n’a pas été pensé comme un plan unique, puisqu’il comporte 4 coupes franches, qui bizarrement passent presque inaperçues).
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Dans Le crime était presque parfait, il apparaît à l’écran tout en n’étant pas dans la scène
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La plus grande trouvaille reste sans doute celle de Lifeboat : un huis-clos se déroulant entièrement dans un canot de sauvetage, et le grand Hitch réussit la performance d’y apparaître, sans faire partie d’aucun des personnages ! La preuve d’une imagination sans limites !
Cette vidéo recense tous les cameo d’Alfred Hitchcock :
Et pour finir en musique, s’il y en a une qui reste à jamais associée au personnage, c’est bien celle du générique de la série “Alfred Hitchcock presents”. 120 ans aujourd’hui qu’est né celui qui est devenu célèbre à travers ses films, son humour, sa voix, mais surtout sa silhouette… Bon anniversaire Hitch !
Illustration © Denys Legros
© Jean-François Convert – Août 2019
Là, c’est Monsieur Jeff ! on passe dans la catégorie hyper pro. que dire? ben, ça va être encore plus agréable, et indispensable de te lire , bises l’ami. D-GH-L.
Merci Denys.
Et tes illustrations découpées sur le fond passent vraiment très bien je trouve