Buddy Guy sort un nouvel album à 89 ans !

La légende vivante du blues Buddy Guy a eu 89 ans hier, et a célébré cet anniversaire avec la sortie d’un double album ‘Ain’t Done With The Blues’ (littéralement « Je n’en ai pas fini avec le blues »).

Le père du blues anglais John Mayall avait publié un album, The Sun is Shining Down, à l’âge de 88 ans, Buddy Guy, sans doute le dernier bluesman historique américain encore en vie, monte d’un cran avec la sortie hier de Ain’t Done With The Blues (qui se traduit par « Je n’en ai pas fini avec le blues »), jour de son 89ème anniversaire ! Et comme si ça ne suffisait pas, le chanteur-guitariste s’offre le luxe de sortir un double disque de 18 titres… la musique ça conserve. En tout cas notre homme semble très en forme et a même programmé plusieurs concerts à partir de la semaine prochaine.

Ça commence par un hommage à John Lee Hooker. Un morceau en mode guitare-voix dans le plus pur style du mentor. À la fin, Buddy Guy avoue que c’est ce type de musique qu’il a appris à jouer en premier. Une façon de boucler la boucle à presque 90 ans en revenant aux origines de son parcours musical.

Mais la nostalgie est de courte durée. Dès le deuxième titre Been There Done That, le son se fait résolument moderne dans les arrangements. Et le toucher typique de Buddy Guy refait instantanément surface. Le morceau suivant Blues Chase The Blues Away enfonce le clou en délivrant un shuffle classique (avec tout de même un turn-around inhabituel). Where U At nous plonge dans une ambiance funky avec en invité le guitariste américain Christone ‘Kingfish’ Ingram. Blues on top installe l’inévitable 12 mesures lent, avec sa tension comme on les aime.

I Got Sumpin’ For You sonnerait presque comme du Bo Diddley. How Blues Is That reprend la structure façon Hoochie Coochie Man et fait intervenir Joe Walsh au chant et à la slide. Dry Stick offre un beau duo soul avec Joe Bonamassa qui délivre un excellent solo, suivis d’effets violoning. « le chicago blues je l’aime joué fort » chante Buddy Guy dans It Keeps Me Young avec Peter Frampton qui, on imagine, fait rugir sa Les Paul Custom Phénix.

À nouveau un shuffle bien en arrière du temps sur Love On A Budget. Rock et gospel se mélangent sur Jesus Loves The Sinner avec les chœurs des Blind Boys Of Alabama (le plus ancien groupe de musique américaine, fondé en 1939 !). Upside Down maintient le tempo enlevé, tandis que le court One From Lightnin’ fait redescendre la pression en reprenant cette fois le style de Lightnin’ Hopkins. On sent que Buddy Guy a tenu à citer ses influences, à l’aube de ses 90 ans.

Et toujours dans ce même esprit de ce qui pourrait être son album-testament, le bluesman se remémore son histoire dans I Don’t Forget : « je n’oublie pas la peine que j’ai vu, j’en ai toujours les cicatrices » chante-il sur fond de sonorités surprenantes, avec ce qui ressemble bien à une Whammy. Trick Bag sort des sentiers battus sur un groove syncopé. Swamp Poker retranscrit l’atmosphère du Bayou et son swamp blues, ou du désert texan, avec même le son d’un serpent à sonnette.

Send Me Some Loving raisonne comme une ballade Rn’B des sixties, et l’album se referme sur Talk To Your Daughter, un morceau que je connais bien puisqu’il figure dans notre répertoire avec le Kurt Blues Band ! Et une chanson qu’on espère bien jouer demain au Megève Blues Festival en première partie le soir sur la grande scène… 🤞🤞🤞

Sur Les photos promo de l’album, Buddy Guy arbore une Stratocaster Sunburst trois tons (avec touche érable) bien usée qui pourrait être celle qu’il jouait à ses débuts, à la différence de son modèle signature iconique à la finition noire mouchetée de ronds blancs. Est-ce ce modèle Sunburst qu’on entend sur le disque ? Bien difficile à dire… Mais ce qui est sûr c’est que son phrasé et son toucher sont toujours bien là. Près de neuf décennies pour le guitariste, mais toujours des doigts en or ! Et depuis ses débuts au milieu des fifties, puis avec Willie Dixon et Muddy Waters en 1958, notre homme affiche 70 ans de carrière…. de quoi imposer le respect.

« Ce disque parle de là d’où je viens, d’où je vais et des gens dont j’ai tout appris, déclare Buddy. Muddy, Wolf, Walter, Sonny Boy, B.B., je pourrais continuer encore et encore. Avant qu’ils ne disparaissent, ils avaient l’habitude de dire : “Mec, si tu me survis, garde le blues en vie”, et j’essaie d’honorer cette promesse. Maintenant, je ne peux plus lever la jambe comme je le faisais auparavant ni sauter de la scène comme je le faisais quand j’avais 20 ou 30 ans, mais je vais vous donner tout ce que j’ai tant que je l’ai. »

Qui a dit que les artistes devaient prendre leur retraite ? Buddy Guy prouve qu’on peut enregistrer un superbe album à tout âge. Il a su s’entourer d’excellents musiciens et d’invités de marque. Chapeau bas et, avec un jour de retard, happy birthday Buddy !

© Jean-François Convert – Juillet 2025

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