Le 28 septembre 2010 arrivait dans les bacs ce 32ème album studio de Neil Young.
Plutôt que de se reposer sur ses lauriers et reproduire continuellement la même formule, Neil Young s’est toujours évertué à explorer de nouvelles pistes, à prendre des risques artistiques, et tenter des nouvelles configurations. En 2010, il décide d’enregistrer cet album Le Noise entièrement seul avec sa guitare. Dit comme ça, on pourrait penser à un disque purement acoustique, un peu comme son Nebraska à lui… mais non, le Loner choisit une autre direction et opte pour un son crade et saturé, dans la mouvance « noisy », d’où le titre de l’album (qui est également un jeu de mots avec le nom du producteur Daniel Lanois).
L’enregistrement s’est déroulé sur onze jours étalés en quatre mois, Neil Young n’enregistrant que les trois jours précédents la pleine lune, parce qu’il estimait être au sommet de sa créativité pendant cette période . Mais plutôt que d’enregistrer dans un studio classique, c’est la maison de Lanois à Silver Lake, un quartier de Los Angeles, qui est retenue, Young ayant été impressionné par des vidéos de l’album Black Dub, réalisé par Lanois et l’ingénieur du son Mark Howard dans ce même endroit.
Trois différents endroits de la maison ont été utilisés pour l’enregistrement pour obtenir la meilleure combination acoustique guitare-voix dans chaque pièce. Au départ, l’album se voulait acoustique, mais c’est la chanson Hitchhiker qui datait de 1974 et que Neil finit d’écrire lors de l’enregistrement qui a changé la donne, transformant le projet en un album majoritairement électrique.
Sur les huit morceaux, deux (Love and War et Peaceful Valley Boulevard) sont enregistrés sur guitare acoustique (une Guild appartenant à Lanois), un sur la fameuse Les Paul ‘Old Black’ (Hitchhiker) et les cinq autres sur une Gretsch White Falcon (que Neil Young avait déjà grandement utilisé, notamment sur l’album Harvest comme on peut le voir sur la pochette). Ce modèle a la particularité de disposer de deux sorties audio, une fonctionnalité prévue à l’origine pour produire un effet stéréo, les micros étant séparés en deux (3 cordes sur un canal, 3 cordes sur l’autre). Neil Young l’utilise pleinement en branchant les deux signaux sur deux amplis Fender Deluxe, réglés différemment. Il obtient ainsi un mélange inédit de sonorités. Il faut écouter cet album au casque pour bien percevoir les deux sons de part et d’autre de l’espace stéréo.
Le résultat est singulier et offre une ambiance unique avec ce mélange entre le « bruit » (« noise ») de la guitare et la voix douce et haute perchée du chanteur. Une fois de plus, Neil Young surprend son public et vient là où ne l’attend pas. Le Noise n’est pas un albums acoustique en solo, ni un brûlot rock façon Ragged Glory ou Rust never sleeps, mais une sorte d’entre-deux : l’intimité de la formule en solo, et la puissance de l’électricité.
Souvent surnommé le « pape du grunge », Neil Young n’hésitait pas à s’afficher comme partie prenante du rock noisy avec cet album bien nommé, mais non dénué de mélodies, et sorti il y a tout juste 15 ans aujourd’hui.
© Jean-François Convert – Septembre 2025
source : Wikipedia