Le 26 mai 1995, ‘Dead Man’ de Jim Jarmusch était projeté en sélection officielle du festival de Cannes. Si le film m’a marqué, c’est aussi et surtout pour la bande son de Neil Young.
Film envoûtant, troublant, mystique, onirique… Avec Dead Man, Jim Jarmusch revisite les codes du western et signe une sorte de conte initiatique, baigné d’ambiances fantasmagoriques et de dialogues savoureux. La photographie noir et blanc renforce cette atmosphère à mi-chemin entre rêve et réalité.
Et l’illustration sonore accompagne à merveille ce climat poisseux et parfois même lugubre. Une musique dépouillée, austère, âpre, crépusculaire. Très peu d’instruments : quelque fois un orgue, mais la plupart du temps une guitare seule… Neil Young fait cavalier solitaire avec sa Les Paul Ol’ Black, une saturation crade comme la boue des paysages, et une reverb qui nous plonge dans l’immensité de la nuit.

La bande originale sortie en 1996 mêle thèmes musicaux et dialogues du film, ce qui permet à l’écoute de s’immerger totalement dans le cadre du long-métrage. Le Loner s’est d’ailleurs lui-même imprégné de l’histoire et de la vision de Jarmusch pour enregistrer sa partition. En effet, à l’inverse de Morricone qui composait ses musiques, notamment celles destinées aux films de Leone, bien avant le tournage, Neil Young a improvisé ses parties de guitare en visionnant les images. On peut le voir à l’action devant un écran dans le livret du CD :


Bizarrement, l’album ne contient pas ce morceau appelé Dead Man theme (long version) qu’on entend dans le film. Encore un mystère de maison d’édition ? Quoiqu’il en soit, ce titre comporte deux guitares, une acoustique et une électrique qui reprend le leitmotiv, mais du coup avec une sonorité légèrement différente, dû à l’accompagnement de la folk en plus de la Les Paul, et au changement du rythme en ternaire :
Que ce soit dans les deux arrangements, Neil Young parvient à créer un climat unique qui colle parfaitement à celui du film. Et Dead Man reste indissociable de sa musique, toujours 30 ans après sa première projection.
© Jean-François Convert – Mai 2025