Police sortait ‘Reggatta de Blanc’ il y a 45 ans

Le 2 octobre 1979 arrivait dans les bacs ce deuxième album du trio The Police.

Deuxième essai transformé

Après un premier album avec déjà trois tubes (Roxanne, Can’t stand losing you et So lonely), le trio The Police nouvelle coqueluche de l’Angleterre et bientôt du monde entier en cette année 1979 transforme l’essai en frappant fort avec le single Message in a Bottle qui ouvre le second opus Reggatta de Blanc. Un riff imparable, un refrain qu’on n’oublie pas, un rythme qui démarre à 100 à l’heure mais qui alterne les pauses avant de repartir de plus belle. Toujours ce mélange d’énergie rock et de subtilité pop.

Tout comme sur Outlandos d’Amour, The Police affiche dans ce deuxième album à nouveau un esprit issu du style punk avec des morceaux rageurs : Its’ allright for you, On any other day et surtout No time this time qui referme le disque sur un rythme effréné assorti de breaks monstrueux de Copeland. Mais ce rock est bien évidemment teinté d’une autre couleur musicale…

Du « reggae de blanc »

Avec un titre d’album en forme de néologisme assumé, le trio affirme haut et fort son influence première : rythmique syncopée, accents à contre-temps, guitare tranchante, basse dansante…The Police s’inscrit pleinement dans cette mouvance post-punk qui puise ses sources dans le ska et le reggae, tout comme The Clash, Madness…

Le single Walking on the moon devient un des hits majeurs du groupe. Au-delà du refrain qui sonnerait presque jamaïcain, il faut aussi écouter attentivement le jeu de batterie de Copeland qui alterne les métriques avec une déconcertante facilité. Un esprit jazzy se glisse dans ce qui pourrait apparaitre comme une simple ritournelle pop. On remarque sur le clip vidéo que Sting joue sur un guitare et non sur une basse :

Cette couleur reggae apparait également sur les titres The bed’s too big without you ou Bring on the night. Mais on ne reste jamais dans une formule classique comme Clapton avait pu le faire en reprenant I shot the sheriff de Bob Marley, ou en adaptant des negro spirituals et même Knockin on heaven’s door à la sauce rasta. Ici, The Police transfigure le genre en le mêlant à d’autres influences qu’elles soient pop ou jazz.

C’est particulièrement notable en concert où le groupe s’écarte des versions live pour aller vers des moments d’impro avec des sonorités différentes, notamment au niveau de la guitare. Andy Summers utilisait pas mal d’effets, très souvent du chorus, devenu à la mode dans ces années-là, sans doute en grande partie grâce à lui.

Le jeu de guitare de Summers participe énormément du style de Police, au même titre que la basse, le chant et les compositions de Sting, ainsi que la virtuosité de Copeland. Une combinaison de trois talents assez unique.

Un « power trio » singulier

La formule guitare-basse-batterie qui nait dans les sixties avec Cream, Jimi Hendrix, puis plus tard Beck-Boggert-Appice, ou Stevie Ray Vaughan & Double Trouble, entre autres, a la plupart du temps mis en avant un jeu à forte dominance blues, rock et hard rock, avec un fort volume et des riffs taillés dans l’acier trempé. Si le terme « power trio » a été choisi ce n’est pas pour rien, le maitre mot de ces groupes était la puissance sonore qu’ils dégageaient, notamment sur scène. Et très souvent, le binôme basse-batterie assurait une assise solide permettant au guitariste de s’échapper en solo.

Dans le cas de Police, l’accent n’est pas forcément mis sur un instrument en particulier. Les trois musiciens avancent au même niveau. C’était une volonté du groupe et Summers a déclaré avoir toujours joué dans cet esprit. On n’est pas dans le schéma classique où la basse reste en arrière laissant les feux de la rampe à la guitare, et la batterie occupe l’espace sonore bien plus qu’en tenant simplement le rythme.

Le morceau titre de l’album en est un parfait exemple. Il est d’ailleurs amusant de noter qu’il ne sonne pas du tout reggae. Et ne cherchez pas à reproduire mécaniquement le staccato de ring-shot de l’intro, Copeland utilise tout bonnement un effet de delay pour l’obtenir. Ingénieuse idée, mais pas tout le temps utilisée sur scène.

Cette vision « horizontale » (plutôt que pyramidale) du trio prend tout son sens dans chansons comme Deathwish, Contact ou Does anyone stare : pas de main mise d’un instrument sur l’autre, tout est à égalité que ce soit les voix, la basse, la guitare, les percussions… et parfois même d’autres sons non précisément identifiables. On entend du piano par-ci, des basses qui sonnet presque comme du synthé par là, une voix d’opéra… et pour brouiller les pistes, le groupe ne détaille rien sur les notes de pochettes, en indiquant seulement « All noises by The Police ». Le tout sur une photo des trois musiciens qui se jouent de leurs tignasses blondes.

Un peu comme l’impression de trois garnements qui nous nargueraient en disant qu’ils font tous les bruits qu’ils veulent. Et force est de constater que Police marquait les esprits avec ce deuxième album, sorti il y a tout juste 45 ans aujourd’hui.

© Jean-François Convert – Octobre 2024

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