Le songwriter folk Prokop a sorti avant-hier son nouveau single ‘(The Ballad of) Buddy Kid’. Un tournant électrique de prime abord revigorant, mais qui résonne étonnement avec l’actualité.
On avait découvert cet auteur-compositeur-interprète folk strasbourgeois à l’automne dernier avec un triple-album fleuve Love Letters from across the Street à forte dominance acoustique et baignant dans une atmosphère de pub irlandais. Tout comme Dylan l’a fait en 1965 au célèbre festival de Newport, Prokop a choisi de passer à l’électrique sur son nouveau single (The Ballad of) Buddy Kid, sorti avant-hier. Le clip met en scène un Far-West pittoresque avec des personnages/acteurs aux patronymes plus vrais que nature, et dont on peut savourer des vidéos teasers désopilantes sur la page Facebook de Prokop) :
Dès les premiers plans du générique début de ce presque mini court-métrage, on voit un trio bluegrass (banjo-clarinette-contrebasse) mais on entend immédiatement le son de ce qui ressemble sans doute à une Telecaster avec un irrésistible son ‘twang’. Le message est clair : l’heure n’est plus à l’acoustique autour du feu de camp (bien qu’on retrouve cette ambiance à la fin du clip) mais à une rythmique bien marquée et une guitare électrique qui claque. Le piano bastringue et l’harmonica nous transportent instantanément dans l’ouest sauvage tandis que la voix affiche des intonations dylaniennes caractéristiques.
Un gars qui se fait descendre au Far-West ? Une voix à la Dylan ? On serait tenté de penser au mythique Knockin’ on heaven’s door… Mais l’ambiance musicale ici serait plus dans l’esprit de Rocky Racoon. Et surtout quand on étudie les paroles de plus près, on réalise l’histoire de ce gamin tué pour quelques cookies par un vieillard fébrile aux mains tremblantes, mais qui ne sera pas inquiété par les autorités grâce à son permis de port d’arme obtenu auprès de la tristement célèbre NRA…
Bien que sur un mode guilleret et enjoué, la chanson glisse subrepticement un message social qui malheureusement, et sans doute bien malgré elle, fait écho à l’actualité de ces derniers jours. Oui cette histoire est censée se passer dans l’ouest américain au 19e siècle, mais elle peut aussi nous rappeler de rester vigilant sur certaines dérives de la société et que personne ne devrait mourir de cette façon injuste et brutale, et qu’aucun tueur quel qu’il soit ne devrait pouvoir agir avec impunité.
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© Jean-François Convert – Juillet 2023
