Le week-end dernier, l’atelier culturel lyonnais ‘La Fabrique de chanson’ présentait ses créations en concert. Avec Denis et la Groupie en première partie.

Une association culturelle lyonnaise

Dimanche dernier, dans le quartier de la Croix-Rousse à Lyon, j’ai découvert agend’Arts, une association née en 1996 qui propose des spectacles de théâtre, de musique, des résidences d’artistes… et La Fabrique de chanson, un atelier d’écriture et de composition musicale animé par François Tramoy et ouvert à toutes et à tous. Que vous soyez musicien-ne, que vous retrouviez des bribes de textes datant de votre adolescence, ou que ayez tout simplement envie d’écrire et composer, vous pouvez vous inscrire dans le projet.

L’objectif est de construire des chansons en commun à partir des éléments apportés par chacun-e, et de les présenter en public. C’était le cas samedi et dimanche dernier où j’ai pu apprécier les fruits de cette belle initiative, et passer un excellent moment. Comme pour les vedettes en haut de l’affiche, La Fabrique de chanson avait droit a être précédé par une première partie.

Denis et la Groupie

Dire du groupe Denis et la Groupie qu’il propose un univers loufoque relève de l’euphémisme. Avec certaines tournures linguistiques rappelant parfois Boby Lapointe, le quatuor nous emmène promener Dudulle le pitbull (« qui aime tellement les enfants qu’il en reprend »), explore les impossibilités communicatives au sein du couple (du genre que t’as dit que j’ai pas fait ce que t’as dit que j’avais fait, mais qu’en fait c’était pas ça, mais si mais non), s’inquiète de l’absence de vivacité de son tamagotchi (grandeur nature !), s’interroge sur les statistiques érigeant des poncifs sur la base des 95% (et ce, justement à 95% du spectacle !) et se vante de ne pas être amateur mais au contraire pro….crastinateur !… Une chanson intitulée Christine, reportée comme il se doit plusieurs fois dans le déroulé. On apprendra d’ailleurs que le protagoniste est surtout un « prochristinateur ».

Mais comme aime à le rappeler le chanteur Denis, un spectacle fantaisiste comporte toujours une chanson sérieuse « histoire de plomber l’ambiance ». Ici, elle parle du drame qui sévit dans la région du Donbass. Oui les chansonniers humoristes savent aussi écrire sur les sujets tragiques. L’intermède « sérieux » ne perturbe pas le public qui apprécie tout autant les deux aspects d’un spectacle à la fois enjoué, tendre, et désopilant. Une complicité évidente entre les quatre membres du groupe, des costumes artisanaux mais parfaits, et même des illustrations avec des ambigrammes, ces calligraphies qui peuvent se lire à l’envers comme à l’endroit avec des significations différentes ou non.

La Fabrique de chanson

Après cette mise dans le bain réjouissante, place à un programme de très belles créations qui naviguent entre chanson française et influences méditerranéennes. Deux chanteuses, deux guitaristes (dont un également chanteur) un bassiste (lui aussi chanteur) et François qui assure les percussions au Cajon tout en étant le chef d’orchestre.

Des mélodies chaleureuses qui restent dans la tête, des textes tour à tour nostalgiques, mélancoliques, poétiques, ou ironiques, et la blague récurrente de la première partie sur Christine refait même son apparition. Entre autres morceaux choisis, on retient l’enivrante ouverture Pedaleando, l’autoréflexion sur comment fonctionne une chanson Un joli bocal, les très beaux chœurs, notamment sur Mon regard, la jolie ritournelle du Destin des larmes…

Quant à Anne, elle nous conte dans 7 rue Saint-Jo une déconvenue sentimentale liée aux sites de rencontres dont on ne lui demandera pas si elle est autobiographique ou non, et peut se targuer d’être l’autrice du tube de La Fabrique de chanson : Les petits poissons.

Des poissons qui pourraient nous faire à nouveau penser à Boby Lapointe… mais non, cette deuxième partie est sur un registre plus poétique que les facéties de Denis et la Groupie. Deux ambiances complémentaires qui nous ont fait rire, sourire, ému. Un spectacle que vous pouvez aller savourer demain soir 16 juin à l’APDAP, 9 montée Saint Sebastien, dans le 1^er arrondissement de Lyon.

© Jean-François Convert – Juin 2023