Le Transbordeur accueillait hier Automatic City pour un « French kiss » résolument bluesy.
Sommaire
Stéphane Deschamps
En apéro, le journaliste et écrivain Stéphane Deschamps (également auteur de la biographie d’Automatic City) est venu présenter son livre « Blues Power ».
Entrecoupée de plusieurs extraits sonores, son intervention nous a mis l’eau à la bouche, avec quelques anecdotes tirées de son ouvrage qui nous raconte « une histoire parallèle du blues ». Plutôt que de parler des bluesmen célèbres, il nous emmène sur des sentiers détournés pour nous faire découvrir la multitude des autres artistes qui ont contribué à cette musique riche et incontournable.
On a ainsi découvert, entre autres, le bluesman à la gueule cassée Peg Leg Sam et son blues sur la « chasse au renard » (Fox Chase »)
ou une anecdote sur un enregistrement « nomade » de Son House, près d’une voie ferrée, qui a immortalisé la passage d’un train dans un morceau de blues.
Un livre assurément passionnant, écrit par un passionné, pour tous les passionnés de blues, disponible dans toutes les bonnes librairies :
Kepa
Ensuite pour l’entrée, est venu sur la scène Kēpa, tout seul….bien qu’on ait eu l’impression qu’il était plusieurs !
Une présence impressionnante avec seulement une guitare à résonateur rouillée (bien que récente), un harmonica, un pied qui tape le tempo, quelques effets d’echo, et surtout une voix qui sait tout faire : plaintive, énergique, tortueuse (on pense parfois à Joe Cocker) ou enjouée, et même rythmique ! Si vous ne connaissiez pas encore la beatbox mêlée à l’harmonica…c’est à découvrir !
Dans le public, on entend le terme « electro blues ». Peut-être pas uniquement, mais oui il y a de ça dans la musique de Kepa : des rythmes à la fois hypnotiques et en même temps qui rappellent le blues de l’entre-deux-guerres. Un cocktail inédit, mais explosif.
Automatic City
Enfin, le plat de résistance : Automatic City est venu lancer son deuxième album « Triple Ripple » (retrouvez ma chronique ici)
Et le groupe lyonnais a littéralement enflammé le public avec son blues à la fois roots et expérimental.
Le chanteur Eric Duperray harangue l’auditoire avec une voix qui transperce la sono, tandis que le guitariste Emmanuel Mercier délivre des solos tranchants et inspirés, tout en assurant des effets sonores hallucinants : Thérémine, Stylophone, Echoplex…une véritable gageure d’arriver à reproduire en live les sonorités présentes sur le disque.
Les 2 batteries rivalisent de groove et la contrebasse se promène sur scène comme si de rien n’était.
Un festival sonore, autant que visuel, avec les projections d’images qui rappellent que le blues d’Automatic City emprunte aussi à la culture vaudou.
Peut-on parler de « blues trans ? »
Quoi qu’il en soit, le public (parmi lequel on entendait des voix anglophones) a été plus que conquis, et la fosse était à 2 doigts de se transformer en dancefloor. Un public un peu déçu que le concert ne dure pas plus longtemps….preuve qu’il a grandement apprécié !
Bravo et merci à tous ces acteurs de continuer à faire vivre le blues sous différentes formes, et d’en prouver son indéniable modernité.