Pierrejean Gaucher complète ‘Zappe Satie’ avec ‘Satinédits’

Après l’album ‘Zappe Satie’ sorti en 2021, le guitariste Pierrejean Gaucher vient de publier 6 inédits issus des mêmes sessions et regroupés dans l’EP ‘Satinédits’.

Pierrejean Gaucher et ses musiciens © Benoit Renard

Il y a deux ans, en mars 2021, j’avais eu le plaisir d’interviewer Pierrejean Gaucher pour la sortie de son album Zappe Satie qui mettait en lumière les liens pas forcément évidents entre Erik Satie et Frank Zappa. Un disque de 18 titres, composé de morceaux complets et d’interludes, qui s’inscrivait dans le prolongement de son projet de 20 ans auparavant Zappe Zappa. Rien d’étonnant pour ce fan du grand moustachu, et grand connaisseur de sa discographie pléthorique, le tout lié à son érudition en matière de jazz, musique classique et contemporaine.

Mais, comme il l’explique, tous les enregistrements n’avaient pas pu figurer sur Zappe Satie : « Comme l’album était déjà assez long, j’ai préféré garder ces titres pour plus tard et prendre le temps de bien les finaliser. 2 ans après et un certain nombre de concerts autour de ce répertoire, j’ai eu l’envie de revenir dessus. » Il ajoute : « 2025 marquera le centenaire de la disparition d’Erik Satie. Une belle opportunité pour donner un second souffle à ce projet musical ! »

Satinédits est ainsi sorti le 1er décembre 2023, un an jour pour jour après que je sois allé voir Pierrejean Gaucher en concert à Lyon.

A travers ces six titres, on retrouve le même climat musical que dans l’album Zappe Satie : une guitare fluide et aérienne, des métriques biscornues, une trompette tour à tour mélodique ou dissonante, un clavier à mi-chemin entre classique et jazz…

On peut supposer sans trop prendre de risques que l’ouverture Pacific 431 fait référence à la fois à l’œuvre orchestrale d’Arthur Honegger (Pacific 231) et la passion de Pierrejean Gaucher pour les trains. La Gnossienne n°8 est accélérée par rapport à la version originale, ce qui lui donne un côté sautillant et alerte, tandis que Erik’s speaking nous rappelle l’esprit iconoclaste de Satie en déclamant plusieurs de ses aphorismes savoureux. Plutôt que les Airs à faire fuir du compositeur, Pierrejean Gaucher nous propose un Air à faire jouir qui baigne dans une douce mélancolie avec son clavier et sa trompette tellement cool jazz. Une musique qui invite au lâcher prise, et une sérénité apaisante dont on se délecte sans retenue… l’orgasme musical n’est pas loin.

© Benoit Renard

Satie aimait les Morceaux en forme de poire, Pierrejean Gaucher préfère ceux En forme de fraise. Le fruit ou celle du dentiste ? La trompette prend ici des airs grinçants qui peut rappeler des mauvais souvenirs dentaires à certains. Enfin, L’EP se clôt sur un titre nommé Prélude apaisant… Insérer un prélude en fin de disque témoigne une fois de plus de l’affection du guitariste pour le clin d’œil, le bon mot, la référence de goût, tout ça dans l’esprit d’Erik Satie qui aurait sans doute fortement apprécié cette façon de se réapproprier sa musique.

Pierrejean Gaucher – Frank Zappa – Erik Satie… Un trio qui permet de tisser des liens entre différents courants musicaux, différentes périodes, différentes sensibilités, mais qui au final donne surtout envie d’aller explorer encore plus loin les mystères de la création artistique.

Retrouvez toutes les infos de Pierrejean Gaucher sur les réseaux sociaux :

© Jean-François Convert – Février 2024

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