P.J. Le Moal brille de mille éclats dans son dernier album

Éclats’, le dernier album de P.J. Le Moal, est sorti en septembre. 10 titres qui observent l’état du monde actuel, mais qui empêchent de sombrer dans le pessimisme total.

J’ai découvert P.J. Le Moal il y a deux ans avec son album Stop ou encore. J’ai tout de suite accroché à ce style qui mêle textes français et inspiration musicale d’outre-Atlantique, quelque part entre Bashung et Charlélie Couture. Son dernier opus Éclats sorti en septembre poursuit dans cette veine que l’auteur-compositeur-interprète cultive depuis les années 80.

L’album s’ouvre sur Poussière d’étoile, qui dresse une vision multiple de notre monde, « ce grand bazar ». Le très beau y côtoie le pire comme l’illustre le clip : Rimbaud, Marylin, Robert Johnson ou Jeff Beck… mais aussi Trump, Macron, Vassilevski… L’accordéon et la guitare accompagnent ces paroles un brin désenchantées mais qui invitent tout de même à ne pas perdre espoir.

S’ensuit l’introspectif Un jour je recollerai tous les morceaux. Chacun-e peut se reconnaitre dans ce texte, quiconque s’est senti un jour ou l’autre éparpillé, hors de son corps ou déconnecté de soi-même. Rien de mieux qu’une guitare au son typiquement knopflerien pour se recentrer.

La suite se fait à la fois plus légère et tellement caustique. « Jai beau chercher… je trouve que du pétrole » résonne particulièrement avec la récente élection du président américain. La chanson dénonce cette course au consumérisme sur une musique justement aux couleurs d’outre-Atlantique avec une slide qui sonne rock sudiste.

La folie des hommes et du monde actuel est encore pointée du doigt dans Nos chevaux dans la nuit galopent lentement, et à nouveau dans une atmosphère qui évoquent les grands espacent américains. Mais c’est tout le talent de P.J. Le Moal, une chanson qui sonne comme si on parcourait les grandes plaines du Nevada ne s’interdit pas de citer Prévert dans les paroles.

Le plus beau morceau de l’album est à mon goût Sans toi. Dans cette déclaration d ‘amour à sa moitié, P.J. Le Moal imagine ce qu’il serait devenu s’il ne l’avait pas rencontrée. La mélodie et les arrangements sont de toute beauté.

Sur fond de ballade folk-rock agrémentée de chœurs, Alors comme ça la terre est plate ironise sur les théories complotistes et constate de façon un peu désabusée que les débats d’opinions dans notre société actuelles sont le plus souvent réduits à des visions binaires, manichéennes et dichotomiques, où malheureusement la nuance n’a plus cours. Dans Sur la frontière, P.J. Le Moal avance « sans espoir », mais même si « le précipice lui tend les bras » il n’y a « pas de désespoir »… son écriture n’est jamais celle de quelqu’un au bout du rouleau. Au contraire, ses textes laissent toujours entrevoir « ici l’ombre » mais aussi « là la lumière », et la musique se fait toujours positive, notamment avec la guitare de Bruno Wirtz aux accents knopfleriens une fois de plus.

Une couleur musicale qu’on retrouve encore plus dans Des millions, un hommage poignant aux SDF du monde entier. Le clip nous emmène de l’autre côté de l’Atlantique et glisse l’image un grand homme de la musique, sans doute une des influences de P.J. Le Moal, comme poète et songwriter incontournable : Leonard Cohen.

Le morceau Nature morte est bercé par une atmosphère bucolique qui au contraire de son titre fait se sentir bien vivant. L’album se referme sur le doux et serein Au large d’Ouessant dont les arpèges en intro ne sont pas sans rappeler Suzanne de Leonard Cohen justement. P.J. Le Moal termine sur une note apaisée pour un disque jamais plombant, qu’il dédie « aux indiens dans ce monde de cow-boys. »

Ce disque, vous pouvez le commander en physique ou en digital. Toutes les infos sur le site web et les réseaux sociaux :

© Jean-François Convert – Décembre 2024

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