Retour sur le concert des Ogres de Barback samedi dernier à Saint-Symphorien-sur-Coise, prés de Lyon, dans le cadre de leur tournée ‘Pitt Ocha’. Un spectacle plein de magie et de poésie.
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Un pari un peu fou
Depuis bientôt trente ans, Les Ogres de Barback parcourent les routes avec leur musique festive, colorée, engagée, poétique… mais depuis ce printemps 2023, ils ont entamé sans doute leur projet le plus ambitieux. Pour la première fois de sa carrière, le groupe a décidé d’emmener en tournée Pitt Ocha, ce personnage créé en 2003 et dont les histoires ont vu le jour à travers quatre disques, le dernier volet Pitt Ocha et le vélo à propulsion phonique étant sorti il y a tout juste un an.
Des contes pour enfants, mais pas uniquement, qui jusqu’à présent n’existaient qu’en versions studio. Pour les 20 ans de Pitt Ocha, Les Ogres de Barback ont voulu l’interpréter sur scène, et se sont lancés dans une tournée pas comme les autres. Parce que les musiciens de la famille Burguière ne font pas les choses à moitié. Un spectacle pour jeune public ? D’accord, mais alors faisons le à fond ! Et pourquoi pas un cirque ? C’est le pari un peu fou lancé cette année : un véritable village forain ambulant qui va s’installer un peu partout en France pour plusieurs jours. Les Ogres proposent ainsi la plupart du temps cinq représentations en trois jours, ou sept en cinq jours.
Une installation bien pensée
La jauge du chapiteau peut accueillir entre 400 et 600, que ce soit en tout scolaire, ou tout public. La scène a été construite spécifiquement pour le spectacle, la fosse possède une zone spécialement aménagée pour les enfants, et pour éviter d’avoir des piliers qui cacheraient la vue, le chapiteau est soutenu par une arche !
A l’extérieur ce sont des semi-remorques qui ont été transformées en caravanes pour héberger toute la troupe. Sanitaires, cuisine et cantine sont prévues, et le village est ainsi en parfaite autonomie. A l’instar d’un cirque classique, il y a même une billetterie dans une roulotte et un bestiaire aux abords du chapiteau, mais ici il s’agit d’un bestiaire d’instruments et d’installations sonores en tous genres. Car la thématique de Pitt Ocha est de faire découvrir les instruments aux enfants.
Des instruments à foison
Et question instruments, ils s’y connaissent Les Ogres de Barback ! J’avais déjà été impressionné lors du concert de 2021 par leur panoplie imposante, mais là ils en avaient encore bien plus ! Et le plus souvent totalement improbables… qui a bien pu avoir l’idée d’inventer un instrument où d’une main on pianote sur un clavier, et de l’autre on utilise un archet pour frapper des cordes ?!
Tout y passe : Scie musicale, bandonéon, thérémine, cloches en tous genres, percussions multiples, vents de tous styles (en cuivre ou en plastique !), et bien sûr des choses plus classiques comme des guitares (acoustiques et électriques), contrebasse, violoncelle… et une batterie. L’instrument de prédilection d’un nouveau venu dans le groupe…
De quatuor à quintet puis sextet
Dans la famille Burguière, ce sont d’abord les quatre ainés qui ont fondé Les Ogres de Barback : Sam, Fred, Alice et Mathilde. Et puis l’année dernière, le petit dernier Léo a rejoint le groupe. Il avait déjà parfois accompagné ses frères et sœurs, que ce soit sur scène pour le concert des 10 ans ou sur l’album Comment je suis devenu voyageur par exemple. Et il avait choisi la batterie qui n’était pas jouée par les quatre autres.
Mais rapidement, il a pris le virus de la famille, et lui aussi est désormais multi-instrumentiste ! On est Ogre ou on ne l’est pas… Et à ce quatuor devenu quintet s’ajoute Manon Andersen, comédienne depuis une trentaine d’années et co-fondatrice de la Compagnie Les Épis Noirs, également danseuse chez Découflé, et qui s’est intégrée tout naturellement à la troupe des Ogres.
Un spectacle éclectique
Je suis arrivé en retard, mais heureusement pendant mon morceau préféré : Je ne sais pas. Impossible de résister à cette ritournelle qui à n’en pas douter est devenu un des tubes de Pitt Ocha !
Mais le spectacle ne se cantonne pas à ces moments de pure allégresse. On rit, mais on s’émerveille aussi. Tout en étant surpris par le jet d’une grosse caisse dans le public, on rêve également face à des sons venus d’ailleurs. Et on n’oublie pas que la vie est aussi parsemée de moments tristes et douloureux avec la très belle chanson Histoires de dingues, qui termine tout de même sur un note d’espoir en nous invitant à « vivre tout simplement ».
Comme dans tout spectacle de cirque qui se respecte, il y a de la magie, de la féérie même, mais surtout beaucoup d’interaction avec le (jeune et moins jeune) public, de l’humour, de la tendresse, des clins d’œil (notamment dans un medley de musiques de films) et des performances bluffantes comme ce passage en mode transformiste où les Ogres incarnent les cousins de tous pays : à chaque tableau, non seulement ils changent d’instruments, mais aussi de position et d’accoutrement ! Succès garanti.
Et Les Ogres de Barback ne s’enferment pas dans une vision désuète de l’orchestration. Il y a beaucoup d’instruments traditionnels certes, mais le groupe sait aussi verser dans le rock tonitruant avec solo de guitare électrique de Sam, basse SG d’Alice et synthétiseurs de Mathilde. Juste avant un final enchanteur… mais chut, on n’en dit pas plus….
C’était une soirée très agréable, un très beau concert-spectacle, avec en prime le plaisir d’avoir pu visiter les coulisses de cette grande aventure (merci Julien!), et d’avoir croisé les toujours sympathiques Sam et Fredo, et même Eric Fleury, l’auteur des très beaux visuels, aussi bien des albums que des décors et ornements du village forain.
Des moments dôles, mais aussi de la poésie, de l’enchantement pour petits et grands. Un merveilleux spectacle qui est parti pour minimum jusqu’à fin 2025. Suivez les Ogres de Barback sur les réseaux sociaux pour connaitre les prochaines dates, car les places sont prises d’assaut. Si Pitt Ocha passe près de chez vous, ne le ratez pas !
© Jean-François Convert – Octobre 2023