Le 8 mars 1974 arrivait dans les bacs le deuxième opus du groupe Queen, baptisé simplement ‘Queen II’.
Après un premier album sorti en juillet 1973, Queen monte d’un cran avec ce deuxième opus qui arrive dans les bacs moins de 10 mois plus tard. Avec la pochette arborant une photo du groupe (prise par Mick Rock) devenue iconique, au point qu’elle sera reprise pour le clip du mythique Bohemian Rhapsody, la légende Queen est en marche. A noter que la pose prise par les quatre membres en formation de diamant est inspirée par une scène du film Shangaï Express avec Marlene Dietrich. C’est cette dernière que le groupe imite sur la célèbre couverture du disque
Sur le plan musical, l’album s’ouvre sur ce qui sera désormais la signature sonore de Brian May : l’instrumental Procession est joué en empilant des couches de guitares harmonisées, telles des instruments à cordes dans le plus pur style baroque. Et le reste du disque baigne dans ce style qui mêle influences classiques et hard rock. On y entend aussi des harmonies vocales qui sonnent très Beach Boys, un des groupes dont Mercury et Deacon étaient fans.
Le bassiste ne signe pas encore de morceau, il faudra attendre le prochain album Sheer Heart Attack. En revanche, le batteur Roger Taylor affirme sa voix très rock sur The Loser In The End. Tandis que Brian May compose toute le reste de la première face : Procession, Father to Son, White Queen (As It Began) et Some Day One Day qu’il chante.
De son côté, Mercury s’octroie toute la deuxième face. Nevermore offre une belle partition classique au piano et des chœurs lyriques magnifiques. Question voix éthérées, Funny How Love Is n’est pas en reste avec sa couleur hippie et des superbes envolées dans les aigus.
Les chansons sont peuplées de personnages étranges : une reine noire qui fait écho à celle blanche de May, un ogre, un vendeur de fées… un imaginaire foisonnant qui culmine dans le dernier morceau. Seven Seas of Rhye est en effet inspiré par le monde fictif qu’imaginait le jeune Farrokh Bulsara avec sa sœur Kashmara quand ils étaient enfants.
Seven Seas of Rhye figurait déjà en version instrumentale dans le premier opus sorti en 1973. Mais cette version chantée devient le premier morceau de Queen à entrer dans les charts, culminant à la dixième place des meilleures ventes de singles britanniques, ce qui persuade Freddie Mercury de continuer sa carrière avec Queen à temps plein.
La face B du single, See What I Fool I’ve Been, ne figure pas sur l’album. Il s’agit d’un blues qui emprunte à la fois à I Can’t Quit You Baby de Willie Dixon (mais version led Zeppelin) et That’s How I Feel de Sonny Terry & Brownie McGhee.
Les « guitar orchestrations » de Brian May, les chœurs très travaillés, l’exubérance de Freddie Mercury, la voix rock et la frappe solide de Roger Taylor, le discret John Deacon qui soutient le tout… Queen II continue de consolider les bases qui forgent le son du groupe. Un album sorti il y a tout juste 50 ans aujourd’hui.
© Jean-François Convert – Mars 2024