Le guitariste de jazz Bireli Lagrène s’essaie à l’exercice ardu d’un album (presque) entièrement en solo. Le résultat est magnifique.
Après avoir exploré toutes les pistes du jazz en compagnie des plus grands musiciens de son époque, Biréli Lagrène se livre pour la première fois sur disque à l’exercice du solo. Acoustique ou électrique, le guitariste maitrise différentes couleurs musicales. Et cet album reflète divers influences musicales qui vont bien au-delà du jazz manouche auquel il a été le plus souvent affilié.
Un exemple comme A Suivre…, qui ferait presque figure de morceau-titre pour un album nommé Solo suites, offre un côté presque chicken-picking, caractéristique de la musique country. Et l’utilisation de guitares formes Dreadnought ou Jumbo, typiques du folk, nous emmène vers des grands espaces à l’atmosphère Americana, mais en mode ambiance sereine et planante, façon plaines désertiques.
Et Biréli Lagrène n’a pas son pareil pour évoquer des images avec seulement quelques notes. Sa guitare suscite instantanément la nostalgie et une mélancolie bienveillante, comme dans Memories qui ouvre l’album :
Dix-sept titres, dont cinq reprises, mais ici dans une interprétation très libre : les standards Caravan de Duke Ellington ou My Foolish Heart joué par Bil Evans, le classique Nature Boy du répertoire de Nat King Cole, ou Put your Dreams away rendu célèbre par Sinatra, et enfin Angel from Montgomery qui clôt l’album. Mais de manière complètement différemment des seize morceaux précédents tous joués en pur solo, il s’offre un duo avec sa fille Zoé sur cette chanson de John Prine, où le guitariste tient également la basse.
Une façon de terminer qui surprend totalement et confirme que Biréli Lagrène vient toujours là où ne l’attend pas. Après une seule écoute, le premier mot qui m’est venu à l’esprit pour qualifier ce disque est : magnifique. J’espère pouvoir vous le présenter plus en détails prochainement sur franceinfo culture.
© Jean-François Convert – Mars 2022