Le dernier album de l’auteur-compositeur-interprète Prokop s’appelle Folksinger! (a Gin&Tonic Story) et se présente justement comme un cocktail de folk et de rock.
J’ai découvert Prokop il y a bientôt 3 ans avec le très dense triple album Love Letters from across the Street. Du folk à forte influence irlandaise et à dominance acoustique pour résumer rapidement. Mais à l’été 2023, le single (The Ballad of) Buddy Kid amorçait une électrification indéniable, tirant vers un country-rock énergique au service d’une histoire baignant dans une atmosphère picaresque au décor très Far-West, à mi-chemin entre le Dylan de Lily, Rosemary and the Jack of Hearts et les Beatles de Rocky Raccoon :
Et ce single figure justement dans le nouvel album de Prokop sorti en novembre dernier : Folksinger! (a Gin&Tonic Story). Dix morceaux qui confirment cette électrisation à fleur de peau. Contrairement à ce qu’indique le titre du disque, le « chanteur folk » cherche à se démarquer de cette image, et se fait accompagner des Click’N’Collectors au son plutôt rock garage. Ce nouvel opus est d’ailleurs présenté comme la rencontre entre un songwriter et un groupe de rock.
Pour marquer cet alliage pas si inédit que ça (on pense bien sûr à Dylan et son passage à l’électrique en 1965), Folksinger! (a Gin&Tonic Story) est sorti dans un packaging en revanche plus que singulier : des bouteilles de Gin & Tonic avec un QR Code permettant de télécharger/commander l’album ! Prokop explique que le Gin-Tonic est son « cocktail préféré », ainsi qu’un « cocktail emblématique du rock’n’roll » et que la façon de consommer de la musique aujourd’hui l’a amené à proposer ce format insolite.






- Le Gin Folksinger Prokop est bio, local et artisanal créé après écoute de l’album par Raoul Zimmerman de la Brasserie & Distillerie Radwulf.
- Le Tonic Folksinger Click’N’Collectors signé par Drims est également bio, local et artisanal.
Quant à se faire appeler « The Jack of Hearts » (le valet de cœur), on peut se demander de la part de Prokop si c’est une référence assumée à la chanson de Dylan citée précédemment, ou si c’est uniquement en lien avec les jeux de cartes en général.


Le mariage des textes aiguisés du songwriter avec les sonorités saturées du groupe fait merveille. Les ambiances sont très souvent crépusculaires avec des tonalités essentiellement mineures. Dès l’ouverture Lonely Wolf (« loup solitaire ») et son riff ternaire pesant jusqu’au final lugubre The Butcher’s Dead End (« l’impasse du boucher ») en passant par les énergiques Drag the Devil in the Mud et Tom Joad, l’écorché Down in the Drain, le chaloupé Night Trumpets Dancing Dreams ou le plus léger The Ballad of an Everlasting Love, on se délecte de cette voix intensément dylanienne, des guitares chauffées au fer rouge ou du piano qui nous emporte dans un Juke joint. Jenny retranscrit bien cette atmosphère des bas-fonds enfumés :
Outre les deux premiers (The Ballad of) Buddy Kid et Tom Joad, un autre morceau est sorti en single : celui au (très) long titre Thoughts on Edward L. Bernays’ Communication Techniques (that Made the World a Better Place). Il parle de ce publicitaire austro-américain qui est considéré comme le père de la propagande politique et d’entreprise, ainsi que de l’industrie des relations publiques, qui ont fortement contribué à développer le consumérisme américain (Wikipedia). Le texte de la chanson rappelle que les techniques de communication de Edward L. Bernays continuent à faire des ravages aujourd’hui, et la musique est la plus folk de l’album :
Alors que vient de sortir Un parfait inconnu au cinéma, on se réjouit que des artistes actuels continuent à s’inspirer de la musique de Bob Dylan. Prokop en fait indéniablement partie, mais cet album va encore plus loin dans un style qu’on pourrait qualifier de folk-garage avec l’ajout de couleurs blues et rock, parfois à la limite du punk et du grunge. Un cocktail rafraichissant et « tonique », rempli de gin et de rock’n’roll !
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© Jean-François Convert – Mars 2025