J’en parlais dans l’article sur la musique Afro-Américaine : les styles musicaux sont heureusement “poreux” et nombreux artistes jouent une musique cosmopolite, catalyseur de différentes cultures de la planète. Pour contrecarrer la grisaille saisonnière, voici une sélection “world music”. Ça groove, ça swingue, ça interpelle…Les jours diminuent ? Ouvrez vos fenêtres sur les musiques du monde !
Sommaire
Barton Hartshorn – “Twelvemonth” – 26 octobre
Après un album sorti en début d’année (I died of boredom and came back as me) qui lui a valu des éloges de la presse internationale (“Lloyd Cole accompagné par Steely Dan”), Barton Hartshorn sort un nouvel opus, qui confirme que sa musique ne se cantonne pas à son Angleterre natale.
Twelvemonth est un cycle de musiques et chansons pour accompagner le film inspiré du livre Necessary To Life de Louisa Leontiades. Celle-ci lui a demandé de composer juste après qu’elle ait vendu les droits cinématographiques de son livre
“Tu écris la musique”, lui dit-elle “le film viendra après”
Alors que l’album précédent naviguait entre pop, folk et Americana, le tout inspiré par un voyage en Australie, Twelvemonth a pris sa source sur une île suédoise. Le globe-trotteur Barton Hartshorn puise son inspiration partout sur la planète et nous offre une musique universelle qui mélange plusieurs influences.
Il en ressort de très belles mélodies, une ambiance souvent mélancolique, et des leitmotivs entêtants sur lesquels enchevêtrent cuivres, cordes et guitares.
On comprend tout de suite qu’il s’agit d’une musique “de film” tant elle suggère des images et une atmosphère particulière.
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Raphaël Fays – “Paris-Séville”
Si Django Reinhardt avait rencontré Paco De Lucia que se seraient-ils dit ? Peut-être pas grand chose mais ce qui est sûr c’est qu’il auraient joué de la guitare ! Et quand le jazz manouche rencontre le flamenco, ça donne Paris -Séville de Raphaël Fays.
On démarre donc avec du jazz typique “Django” et au fur et à mesure qu’on avance dans l’album, on descend vers le sud de l’Espagne, avec même des accents arabo-andalouse sur Luna De Fuego.
On pense aussi bien sûr au trio mythique Di Meola – McLaughlin – De Lucia. On y retrouve cette virtuosité qui ne sombre jamais dans la facilité démonstrative, mais reste toujours au service de l’émotion.
Raphaël Fays présente son spectacle “Paris Séville” le 28 novembre à l’Alhambra
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Ray Lema – “Transcendance” – 19 octobre
A 72 ans, le pianiste congolais Ray Lema livre un opus qui porte magnifiquement son nom Transcendance. Neuf pièces qui vont bien au-delà de la musique et transpirent le mélange des cultures. L’ambiance globale jazz-funk-hip-hop est ainsi mâtinée de touches “exotiques”.
Le morceau titre qui ouvre l’album est un afrobeat endiablé, où Ray Lema rend un hommage vibrant et joyeux à celui qu’il admirait tant et qui fut un ami, Fela Anikulapo.
Le disque regorge d’incursions dans différents styles, que ce soit la guitare tranchante qui tire vers le jazz-rock dans Kivu’s Blues ou Sin, l’ambiance créole sur 3ème bureau, ou ce mélange surprenant de racines africaines (batterie qui évoque des percussions) et de classicisme européen (piano au style romantique) : Congo rhapsody. Et symbole de cette démarche cosmopolite, Le bout du chemin est chanté en français.
Ray Lema sera en résidence du 21 au 23 novembre à la Petite Halle
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Petite Noir – “La Maison Noir” – 5 octobre
Lui aussi originaire du Congo, Petite Noir (de son vrai nom Yannick Ilunga) est un producteur, multi-instrumentiste, auteur, compositeur et chanteur sud-africain. Après un premier opus en 2015 (La vie est belle), il sort ce mois d’octobre un mini-album La maison noir, lien entre tradition et modernité.
Outre les extraits Blame Fire et Beach, un court-métrage intitulé The Gift and the Curse accompagne la sortie du disque. Un voyage à travers les étapes de la vie d’artiste de Petite Noir, mis en lumière grâce aux quatre éléments : le feu, la terre, l’eau et l’air.
Petite Noir s’inscrit dans le mouvement “noirwave” (dont il est à l’origine), qui conjugue polyrythmies africaines, beats hip hop, post-punk et new-wave électronique. Il offre une lecture du monde et de l’actualité sans concession, en nous interrogeant sur la mondialisation et la notion d’identité nationale.
Plus que jamais, l’Afrique allie musique et réflexion citoyenne.
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Rocé – “Par les damné.e.s de la terre” – 2 novembre
L’Afrique encore avec ce très beau projet du rappeur français Rocé qui a choisi d’honorer la musique francophone engagée. Le disque Par les damné.e.s de la terre comporte d’ailleurs le sous-titre des voix de luttes 1969-1988 qui résume bien son propos.
Le premier extrait est un hommage à Mohamed Maïga (père de l’actrice française Aïssa Maïga), journaliste malien proche de Thomas Sankara, assassiné en 1984 dans des circonstances troubles.
Pour compléter les chants, deux historiens Naïma Yahi et Amzat Boukari-Yabara, ont écrit le livret du disque, et y décrivent les contextes de l’époque et des pays dont proviennent les morceaux.
L’Afrique, mais pas seulement. L’album regroupe aussi des chants venus du Vietnam, de Guyane, de Québec ou de Tunisie, retraçant l’histoire des anciennes colonies françaises, et les contestations qui y sont nées. Plus qu’un voyage musical, ce projet nous rappelle notre devoir de mémoire envers tous ces peuples.
Rocé sera le 10 décembre au Bataclan
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Yara Lapidus – “Indéfiniment” – 25 mai
On pourrait la classer en chanson française, avec des intonations qui rappellent parfois Barbara comme sur la chanson-titre, mais Yara Lapidus ne se cantonne pas aux frontières hexagonales et part explorer des rives bossa avec Saudade De Voce ou Un matin sans toi, et se laisse porter par les vents méditerranéens sur Llalabad ou le single Depuis toi :
Quand on sait que les musiques sont signées Gabriel Yared, on imagine qu’il n’est pas étranger à ces influences orientales. Mais là encore, l’éclectisme est de mise avec des ballades plus classiques (Ça Sert À Rien , Loin Très Loin), des ambiances éthérées new-age ( Le Plus Doux Des Rêves), ou une folk-pop apaisante avec Vingt-Quatre heures et le dernier morceau Encor, Encor qui emprunte à la BO du film 37°2 le matin. Un final tout en douceur et sérénité.
L’album est sorti avant l’été, mais Yara Lapidus sera en concert le 25 octobre au Sunset
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Ed Motta – “Criterion of the Senses” – 14 septembre
Quand on évoque le Brésil, on pense immédiatement Samba ou Bossa-Nova. Mais la Soul y a aussi sa place, et ce n’est pas Ed Motta qui dira le contraire. Ce pianiste et chanteur brésilien allie la soul à la fusion, au funk et au soft rock, le tout dans une production léchée.
Le single Your satisfaction is mine met en avant un falsetto qui fait inévitablement penser à Earth, Wind & Fire :
Ces multiples influences proviennent de l’imposante discothèque du musicien.
“ je suis un collectionneur, j’ai plus de 30000 disques dans ma collection … ”
Il explique que cela fait partie de sa personnalité et que c’est ce qui le pousse a faire de la musique, à se mettre au piano et a être meilleur à chaque création. Un boulimique de musique, mais aussi de mots, qui va puiser son inspiration chez Kafka , quelques poètes contemporains ou dans des récits de science fiction, espionnage, aventure et crimes.
Ed Motta sera le 30 octobre au New Morning
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Katie Melua – “Ultimate Collection” – 5 octobre
Depuis la sortie de son premier single Call Off The Search il y a 15 ans, Katie Melua continue de distiller la douceur de sa pop-folk acoustique et parfois jazzy.
Cette Utimate Collection regroupe 30 chansons issues de ses 7 albums ainsi que deux nouveaux enregistrements : Diamonds Are Forever et la reprise de Bridge Over Troubled Water de Paul Simon :
Ce n’est pas la première fois que la chanteuse reprend des standards pop en les adaptant à son style folk acoustique. En 2016 elle avait déjà quelque peu transformé le tube de 1986 Wonderful life de Colin Vearncombe (alias Black), et l’année dernière elle a repris Sting avec le single Fields of gold en soutient à une association de protection de l’enfance.
Ce morceau est d’ailleurs lui aussi présent sur la compilation Ultimate Collection, un album de souvenirs qui va permettre d’aborder la saison automnale dans une ambiance feutrée.
Katie Melua sera le 4 novembre à l’Olympia
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© Jean-François Convert – Octobre 2018