Un concert singulier hier soir avec un instrument rare : l’armonica de verre, joué par l’un de ses spécialistes, Thomas Bloch.
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Un instrument étonnant
Tout le monde connait le procédé qui consiste à produire un son en frottant son doigt mouillé sur le bord d’un verre. Même la musique pop-rock l’a parfois utilisée, en témoigne l’exemple de David Gilmour. Lors de sa tournée solo en 2006, le chanteur-guitariste de Pink Floyd jouait l’intro de Shine on you crazy diamond avec des verres. Une vidéo le montre invitant un musicien des rues, et sur une autre il ironise à propos de la proximité des vignobles du Beaujolais pour son concert à Vienne.
L’armonica de verre est la mécanisation de ce procédé. Mais à la différence des verres dont la hauteur des notes varie en fonction du remplissage d’eau, c’est ici le diamètre des coupelles qui détermine l’échelle chromatique. Cette vidéo présentée par Thomas Bloch nous explique en détails le fonctionnement de cette invention de Benjamin Franklin :
Et oui, l’orthographe est bien Armonica, sans « H », comme précisé dans cet article sur franceinfo
Un concert enrichissant et convivial
Ce mercredi 16 mars, le Musée des Confluences de Lyon proposait à la fois une rencontre didactique en fin d’après-midi, et un récital d’un peu plus d’une heure en soirée.
Je n’ai assisté qu’au concert, où le musicien Thomas Bloch a quand même livré quelques explications entre les interprétations, de même que le violoniste Christophe Collette qui a lui aussi présenté plusieurs morceaux. Des interventions non dénuées d’humour, évoquant un interprète d’armonica ayant terminé en asile psychiatrique ou le fait que les partitions prennent régulièrement l’eau !
Mais également pleines d’informations intéressantes qui ont enrichi ma culture musicale, comme par exemple le fait qu’il y a eu des Harpes chromatiques (donc avec un corde pour chaque demi-ton) avant qu’on ne passe aux harpes à pédales, comme c’était le cas hier.
Parmi les œuvres jouées, certaines l’étaient par l’armonica de verre accompagné du quatuor à cordes ou de la harpe, d’autres en duo par l’armonica et la harpe, une par l’armonica seul, une par la harpe seule, une autre par le quatuor seul, et enfin le final par l’ensemble.
- Adagio – J.J.S von Holt Sombach
- Féerie – Marcel Tournier
- Casanova – Nino Rota
- Fantaisie sur l’Air de la Folie – Gaetano Donizetti (extrait de l’opéra Lucia di Lammermoor)
- Deux préludes – Claude Debussy
- Danses sacrée et profane – Claude Debussy
- Kleine Tonstücke – Karl Leopold Röllig
- Adagio und Rondo K.617 – W.A. Mozart
- 1er RAPPEL : pièce de Haendel arrangée par Mozart
- 2ème RAPPEL : morceau en hommage à l’Ukraine
- Thomas Bloch : armonica de verre
- Quatuor Debussy – Christophe Collette et Emmanuel Bernard : violons
- Vincent Deprecq : alto
- Cédric Conchon : violoncelle
- Pauline Haas : harpe
Le lendemain des 50 ans de la sortie du film Le Parrain, j’ai ainsi assisté à un récital comprenant une musique de Nino Rota.
Le concert s’est terminé par un morceau en hommage à l’Ukraine, joué par le quatuor à cordes. Le violoniste Christophe Collette a expliqué que les musiciens venaient d’apprendre le bombardement d’un théâtre de Marioupol. Le public s’est levé, et les deux violons et l’alto ont joué debout.
Une façon solennelle de terminer ce qui a été un moment d’échanges simples et sans le côté pompeux qu’on peut parfois craindre à ce type de spectacle. Un concert de musique classique, ça peut aussi parfois se dérouler comme un concert de jazz, de blues ou de rock. Tant qu’il y a le plaisir des sons.
© Jean-François Convert – Mars 2022