‘Mitsura’, le nouvel album de Katia Guerreiro est sorti le 1er mars. La chanteuse de fado y livre 12 morceaux bouleversants.
Je dois l’avouer, je n’avais jamais écouté de Fado, et par conséquent je ne connaissais pas Katia Guerreiro, pourtant réputée comme une des chanteuses de fado les plus connues internationalement. Egalement médecin, cette portugaise d’adoption (elle est née en Afrique du Sud) a donné des concerts sur une grande partie du globe (le Japon, le Maroc, la Turquie, la France, les Pays-Bas, la Nouvelle-Calédonie, la Suède, le Brésil, la Bulgarie, Macao, la Russie, l’Espagne…). Une dimension cosmopolite qui transparait dans le morceau-titre qui ouvre l’album, Mitsura (qui signifie d’ailleurs « mélange »), où une lapsteel apporte une couleur presque hawaïenne. Des effluves aériennes qui m’ont instantanément séduit.
Ce long plan séquence pour le clip où la chanteuse exprime autant le bonheur que la douleur ne peut laisser indifférent. Et la majeure partie des 12 titres reste dans cette couleur entre gaité et tristesse, légèreté et gravité, une atmosphère à la fois éthérée et profonde. Même si je ne comprends pas le portugais, je trouve les mélodies chargées d’émotion. Elles transpirent indubitablement une âme. Katia Guerreiro a toujours mis en avant dans ses chansons ses joies et ses douleurs, le reflet de sa vie intérieure, de ses dialogues avec ses proches, son public, son pays et le monde.
Pour soutenir cette voix incarnée, les arrangements se font sobres et épurés. Hormis le premier morceau avec cette lapsteel, tout l’album est enregistré avec seulement deux guitares, une classique et une portugaise, et une contrebasse. Des tempos plutôt lents avec une intensité dramatique jamais surjouée. On note toutefois deux exceptions : Lisboa Perdeu A Voz qui prendrait presque des airs de jazz manouche, et le festif O Santo António na Aldeia, sorti également en single, avec un clip mettant à l’honneur une ambiance typiquement méditerranéenne :
Nul doute que les textes écrits par des poètes et poétesses contemporain-es, ou par la chanteuse elle-même, témoignent d’une histoire et d’une vie singulière, et feront résonnance à celles et ceux qui s’y retrouvent. Mais la simple intensité de la musique, des mélodies limpides et de cette voix profondément incarnée suffisent à susciter l’émotion. Une émotion qui peut se vivre également sur scène. Après un concert à Paris en février, Katia Guerreiro poursuit sa tournée en Europe. Retrouvez toutes les dates sur les réseaux sociaux :
- 25/04/2024 Théâtre Benno Besson, Yverdon-Les-Bains (Suisse)
- 31/05/2024 Espace Vélodrome, Plan-les-Ouates (Suisse)
© Jean-François Convert – Mars 2024