Il y a 55 ans sortait le double album ´Live/Dead’

Le 10 novembre 1969 arrivait dans les bacs ce premier album de concert sorti par Grateful Dead.

Issu de concerts enregistrés à San Francisco entre les 26 janvier et 2 mars 1969, ce premier album live de Grateful Dead est devenu une des références du genre. Référence en matière de disque de concert, référence dans le style rock psychédélique, référence dans la catégorie « longs morceaux »… Car en effet, ce double album débute par Dark Star qui occupe toute la première des quatre faces.

Peut-on tenir sur un même accord pendant plus de 23 minutes ? Grateful Dead nous prouve que oui avec cette longue épopée ésotérique où Jerry Garcia utilise sa Gibson SG comme un pinceau musical : il tord la mélodie pour mieux la façonner, il tourne autour, il l’emmène au bord du précipice pour la rattraper et la ramener dans le sillage de départ, il va même jusqu’à se désaccorder en cours de route…

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Jerry Garcia, Fillmore East (NY), 11/2/69 © David Fenton / Getty

C’est toute la philosophie du Grateful Dead et plus communément du psyche-rock : se laisser guider par l’inspiration du moment (clairement sous l’influence de psychotropes), et ne pas chercher à « construire » le morceau, mais plutôt le désarticuler, l’étirer, lui laisser prendre son envol, quitte à ce qu’il échappe même aux musiciens qui sont en train de le jouer.

Si quelques années plus tard le rock progressif imposera lui aussi comme marque de fabrique des morceaux longs et très souvent occupant une face entière, ce sera dans un contrôle total, une élaboration architecturale parfaitement orchestrée et maitrisée. Le rock psychédélique au contraire est dans un esprit de jam permanente, d’improvisation institutionnalisée, et de lâcher prise constant en guise de mantra.

Un concert du Grateful Dead était toujours forcément improvisé, c’était son essence même, sa raison d’être.

© Ken Regan

Parfois peut-être un peu trop comme la prestation du groupe à Woodstosck qui selon l’avis de beaucoup s’est un peu enlisée dans cette démarche foutraque qui peut faire jaillir des instants de grâce tout autant que des ratés et des longueurs interminables.

Mais sur ce Live/Dead (judicieux titre qui joue à la fois sur le nom du groupe, le type de l’album, et l’oxymore « Vie/Mort ») les 7 musiciens (2 guitaristes, 2 batteurs, 1 bassiste, 1 organiste, 1 chanteur) sont en parfaite cohésion et offrent de savoureux passages : Le fantasque Ron ‘Pigpen’ McKernan embarque fougueusement tout le monde avec lui sur la reprise du classique soul Turn on Your Love Light dans une version de 15 minutes ; les guitares de Garcia et Weir s’entremêlent habilement dans St. Stephen et The Eleven (tous deux enchainés) ; le standard blues Death Don’t Have No Mercy prend une dimension quasi-chamanique ; et le larsen parvient même à être légèrement mélodieux sur le très expérimental Feedback !

Et après ce déluge sonore mais pas si cacophonique que ça, le doux et traditionnel And We Bid You Goodnight referme l’album presque dans un chuchotement aussi discrètement qu’il avait commencé dans les effluves planantes de l’intro de Dark Star.

Le 25 octobre dernier, le bassiste Phil Lesh est parti rejoindre son compère Jerry Garcia décédé en 1995. McKernan quant à lui avait été le premier du groupe à quitter ce monde en 1973. Du line-up figurant sur ce disque incontournable subsistent encore trois membres fondateurs : le guitariste Bob Weir et les deux batteurs Mickey Hart et Bill Kreutzmann (surnommés les ‘Rhythm Devils’). L’organiste Tom Constanten n’a fait partie de Grateful Dead qu’entre 1968 et 1970, période la plus psychédélique du groupe, et qui a vu la sortie de ce double album phare, il y a tout juste 55 ans aujourd’hui.

© Jean-François Convert – Novembre 2024

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