‘Wayo’ le nouvel album de la prêtresse du blues vaudou haïtien Moonlight Benjamin sort ce vendredi 24 février.
Même si la chanson Sultans of swing évoque le « Creole Blues », il serait réducteur de penser que ce style musical est unique et homogène. En effet, la culture créole est multiple et surtout ne se limite pas à la Caraïbe francophone, comme l’explique cette page Wikipédia. Il existe plusieurs langues créoles, issues entre autres de l’anglais, l’espagnol, l’arabe ou le français, comme c’est le cas en Haïti.
Ce pays est la première république noire (fondée en 1804), le premier État noir des Temps modernes et le deuxième État indépendant d’Amérique (après les États-Unis). Autant dire qu’il porte en lui une grande part de l’Histoire du peuple noir et la fierté d’avoir résisté et vaincu la domination occidentale, en l’occurrence française. Et en même temps un lourd passé d’ancienne colonie qui a dû payer une dette exorbitante à l’état français, comme le résume cette vidéo de France Culture :
Cette Histoire à la fois forte et douloureuse a imprégné durablement les haïtien-nes et nombre d’artistes ont exprimé leur sentiment d’injustice, que ce soit à travers la poésie (Aimé Césaire), la littérature (Émeric Bergeaud), ou la musique. C’est notamment le cas de Moonlight Benjamin qui chante l’exil, l’identité, la révolte de cette île « souffrance ». Inspirée par entre autres Alabama Shakes, The Kills, Oumou Sangaré, Koko Taylor, Dan Auerbach, celle qu’on surnomme la prêtresse du blues vaudou haïtien propose un blues rock caribéen unique.
Son nouvel album Wayo est sorti aujourd’hui. Mais on avait déjà entendu le premier single Haut là haut dès le mois de décembre. Un titre qui prône la réalisation des rêves de chacun. « Malgré les épreuves que nous traversons, il est important de garder nos rêves en éveil. » C’est la ligne de conduite que Moonlight s’impose depuis son plus jeune âge: grâce à ses rêves, ses désirs prennent vie. « Réveillez vos rêves, croyez en vous, qu’ils deviennent un but et non un fantasme ! «
Avec l’aide de Matthis Pascaud (son talentueux guitariste / directeur artistique/compositeur) et Raphaël Chassin (batteur et réalisateur), Moonlight Benjamin nous offre un album incandescent. Les leitmotivs répétitifs et lancinants nous plongent dans une atmosphère d’incantations chamaniques. La culture vaudou est très présente en Haïti, et le blues a toujours été lié aux légendes du Bayou ou de Robert Johnson. Donc rien de plus naturel que de marier ce chant incantatoire à des sonorités de blues primal. Les guitares de Matthis Pascaud sont à la fois rageuses et envoutantes et soutiennent parfaitement la voix souvent haut-perchée de Moonlight Benjamin.
Bafon, le deuxième single de l’album sorti le mois dernier, est un message d’espoir. La voix provocante de Moonlight raconte l’histoire de BaFon, l’esprit gardien des morts et maître du cimetière, qui s’adresse aux masses éplorées présentes aux funérailles d’Haïti pour annoncer qu’elle n’est pas morte, qu’Haïti porte encore la vie en elle.
Ce n’est pas un hasard si Moonlight Benjamin est depuis longtemps vantée par Iggy Pop ou Martin Gore (Depeche Mode). Ce nouvel album Wayo sorti aujourd’hui (Absilone-Socadisc) confirme le talant de la prêtresse vaudou Haïtienne qui explore les racines du blues et du rock, à travers un son puissant, mais également plus profond et plus sombre. Laissez-vous envoûter par la musique de Moonlight Benjamin.
Dates de concerts :
- le 24.02 Gennevilliers Tamanoir
- le 28.02 Rouen salle Louis Jouvet
- le 18.03 Grenoble Bifurk – le mois décolonnial
- le 24.03 Marseille babel med
- le 05.05 Bagnières de Bigorre
- le 01.06 festival festizome à salies du salat
- le 02.06 Angoulême musiques metisses
- le 04.06 ile de la Réunion Sakifo
- le 08.06 Pic St Loups festival jazz
- le 30.06 St Sulpice Algorithme
- le 01.07 Eurockeennes de Belfort
© Jean-François Convert – Février 2023