L’album le plus célèbre de Supertramp fête ses 4 décennies cette année. A cette occasion, l’ancien leader du groupe Roger Hodgson sillonne l’Europe (avant de traverser l’Atlantique à l’automne) avec une tournée où la nostalgie n’est jamais amère, toujours généreuse et bienveillante. Revue du concert d’hier soir à Lyon, au théâtre antique de Fourvière.
Sommaire
Un album best-seller
On ne présente plus Breakfast in America, sans doute le disque le plus connu de Supertramp, tant il contient une myriade de tubes. 40 ans cette année, et le moins que l’on puisse dire, c’est que sa musique n’a pas vieilli. Des mélodies pop incontournables, des arrangements léchés à mi chemin entre mainstream et rock progressif, et des textes incisifs qui n’épargnent pas l’american way of life.
La pochette est d’ailleurs elle-même assez caustique avec cette représentation de Manhattan par un plateau de petit-déjeuner, et la serveuse prenant la pose de la statue de la liberté, le tout, vu à travers le hublot d’un avion. Les observateurs les plus assidus, et adeptes de théories farfelues, y ont décelé une hallucination visuelle assez surprenante : regardez l’image dans un miroir, et vous verrez apparaître les chiffres 9/11 (soit le 11 septembre en écriture anglophone) juste au dessus des tours jumelles….
Encore une coïncidence troublante, digne du concept de “synchronicité”, cher à Jung.
Mais au delà de l’anecdote, cet album est en grande partie réputé pour la voix haut-perchée de son chanteur-leader de l’époque. Même s’il partageait l’écriture et la composition avec Rick Davies, il ne fait aucun doute que l’organe vocal de Roger Hodgson a toujours été le son emblématique de Supertramp. Et ce dernier l’a une fois de plus prouvé hier soir à Lyon, pour un concert maîtrisé de A à Z.
3/4 Supertramp 1/4 solo
Il en a conscience, le public est venu en majeure partie pour entendre du Supertramp, plus que de sa discrète carrière solo. A la sortie, certains sont même déçus de ne pas avoir entendu Goodbye stranger ou Bloody well right, que 2 énergumènes ont demandé en hurlant à plusieurs reprises. Sans doute n’étaient-ils pas au courant qu’il s’agit d’un morceau de Rick Davies (tout comme Goodbye stranger) et que lui et Hodgson sont plutôt en froid, suite à l’utilisation des chansons de Hodgson lors des concerts de l’actuel Supertramp.
Donc forcément, pas de Rudy, pas de From now on, mais en revanche tous les airs à la voix éthérée caractéristique sont là : The logical song, Dreamer, School, Lord is it mine…. un festival de tubes, et une proportion exactement 3/4 et 1/4 : sur les 17 titres du concert, 13 de Supertramp et 4 en solo.
LA SETLIST
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Take the Long Way Home
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School
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Breakfast in America
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Easy Does It
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Sister Moonshine
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Along Came Mary
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The Logical Song
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Death and a Zoo
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Only Because of You
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Lord Is It Mine
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Child of Vision
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Had a Dream (Sleeping With the Enemy)
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Don’t Leave Me Now
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Dreamer
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Fool’s Overture
RAPPEL
Complicité avec le public et avalanche de tubes
Dès la fin du premier titre, le chanteur s’est fendu d’un long discours chaleureux, dans un franglais sympathique, qui a immédiatement conquis le public. “C’est la première fois que je viens à Lyon” adresse-t-il au théâtre antique, plein à craquer. Certains lui font remarquer que Supertramp a déjà joué dans la capitale des Gaules, mais Roger Hodgson répond ironiquement :
Rires nourris dans l’assistance. Les connaisseurs savent qu’il fait allusion au groupe qui continue à tourner sans lui, et capitalise sur nombre des tubes qu’il a composé.
Ce sont d’ailleurs ces hits intemporels et indémodables qui recueillent le plus de ferveur de la part du public.
Le très beau Lord Is It Mine :
Enchaîné immédiatement sur Child of Vision :
L’entraînant Dreamer :
Et pour terminer le set, un titre ironiquement inadéquat : Fool’s Overture
En forme de pied de nez aux tournées récentes de Supertamp (sous la houlette de l’ancien compère Rick Davies), Roger Hodgson rappelle avec tous ces titres, que pour une bonne part, le son du groupe dans l’inconscient collectif, c’était surtout lui. Mais point d’amertume ce soir, uniquement le bonheur d’être là, et un plaisir plus que communicatif. Vers la fin du concert, il va même jusqu’à apostropher son manager :
Acclamation du public, et traditionnel lancer des coussins en direction de la scène et de la fosse. Le concert s’est terminé dans l’euphorie générale, notamment pour les deux rappels, avec même un faux départ sur It’s Raining Again :
Le chanteur quitte la scène avec un large sourire non feint, et semble véritablement avoir passé une aussi bonne soirée que son public. Comme il l’a dit entre deux morceaux :
On veut bien le croire. Et de l’avis de fans qui ont assisté à plusieurs de ses concerts, c’était effectivement le cas.
Comblé et saisi par la nostalgie
Certes, si je veux faire mon pinailleur, je pourrais dire qu’il a manqué Hide in your shell et Babaji. Mais la seule présence de Lord Is It Mine a suffit à me combler, et l’incontournable Logical song m’a ramené 33 ans en arrière, lorsque la prof d’anglais de seconde avait eu la bonne idée de nous faire étudier cette chanson.
Very good memories…
Au début du concert, Roger Hodgson a dit “vouloir chasser les soucis de chacun pendant deux heures, les envoyer loin, et se sentir bien”.
Merci Roger. Mission réussie.
© Jean-François Convert – Juillet 2019
C’est bien pour Roger H. , homme respectable s’il en est, de bénéficier de ce retour en grâce nostalgique.
J’ai souvenir d’un concert prévu à Besançon début 2000, annulé pour cause de mévente.
La roue tourne.