Jean-Pierre Bacri est décédé ce 18 janvier. Juste quelques mots, parce que « merde, merde, chier ».
Ah Jean-Pierre, ce que t’as pu me faire marrer.
Ta façon de te coiffer avec soin devant le miroir, puis d’enfiler ensuite ton débardeur pour devoir tout recommencer au début de Un air de famille, une de tes répliques cultes (à mon goût) dans ce même film quand tu t’adresses à Daroussin : « toi dès qu’il n’ y a rien à foutre, faut que t’y sautes dessus ! », ton rôle de Batman dans Subway ou tu t’écries un « merde » d’anthologie après avoir raté Anglade, ta sensibilité à fleur de peau dans Le gout des autres, ton personnage irascible mais tellement attachant dans On connait la chanson, ton duo improbable avec un chien nommé Didier sous les traits d’Alain Chabat, tes coups de gueule ou tes réparties géniales sur les plateaux télé, ta marionnette aux guignols et son récurrent « mais ça m’énerve les américains »… il y aurait tant à dire, impossible de te résumer en quelques phrases.
Mais il y a une scène je trouve qui te représente vraiment, celle dans Cuisines et dépendances où tu essaies tant bien que mal à te dépêtrer de ton interlocuteur téléphonique.
Ce mélange d’hésitation, d’agacement contenu, de celui qui ne va pas craquer et qui tient (presque) jusqu’au bout, tu le jouais à merveille. C’était tellement vrai qu’on se figurait le type au bout du téléphone, on imaginait ses mots, je crois même qu’on les entendait tellement tu arrivais à les faire vivre par la seule grâce de ton jeu d’acteur.
Je t’entends déjà râler là-haut. Mais toujours avec cette bienveillance et cette tendresse qui te caractérisent. Franchement Jean-Pierre, aujourd’hui c’est toi qui nous énerves.
Tchao l’ami
© Jean-François Convert – Janvier 2021