Un demi-siècle pour ‘Crime of the Century’ de Supertramp

Le 25 octobre 1974 arrivait dans les bacs ce troisième album de Supertramp intitulé « Crime du siècle », ce qui lui en fait tout juste un demi, de siècle.

J’ai découvert Supertramp quand j’étais en seconde et que la prof d’anglais nous a fait étudier Logical song (tout comme Born in the USA et Russians, vraiment cool la prof). En première écoute j’ai classé spontanément le groupe dans la catégorie « pop ». Aussi ai-je été surpris quand j’ai lu dans diverses sources qu’il était souvent cité au sein du mouvement progressif.

Supertramp du prog-rock ? Ce n’était en tout cas pas Breakfast in America qui le symbolisait le mieux. Et puis j’ai écouté Even the quietest moments avec notamment le symphonique Fool’s overture ou le multi-ambiances Lover boy, et également ce Crime of the century, troisième opus du groupe qui jette les bases de la musique de Supertramp avec la première formation « classique » du groupe : Rick Davies et Roger Hodgson y sont rejoints par Dougie Thomson (basse), Bob Siebenberg (batterie) et John Anthony Helliwell (saxophones, clarinette et chœurs).

Le morceau-titre qui referme l’album baigne effectivement dans une atmosphère prog avec sa guitare éthérée, puis son leitmotiv final au piano, suivi de son envolée de saxophone, une progression musicale semblant s’éloigner dans le cosmos de la pochette. Tout comme le long et épique Rudy qui mixe plusieurs mouvements et passe par différentes émotions, de la mélancolie à la colère, de la ballade au rock symphonique. Ces deux chansons, ainsi que Asylum qui traite de la folie mentale et renvoie elle aussi à la pochette, sont clairement dans un esprit rock progressif, même si les arrangements sont moins complexes que chez Yes ou Genesis.

On remarque que ces trois titres sont principalement l’œuvre de Rick Davies, qui signe également le cynique Bloody well right, tandis que Roger Hodgson accouche des tubes Dreamer, Hide in your shell et la ballade pop If Everyone Was Listening inspirée par l’idée que « Le monde entier est une scène, et tous les hommes ne sont que des acteurs ». La voix haut perchée du chanteur est parfaitement soutenue par le reste du groupe et donne cette couleur instantanément reconnaissable qui le fait le son de Supertramp.

L’autre élément incontournable est le Wurlitzer que Hodgson manie avec merveille, à la fois dans Hide in your shell et Dreamer, et comme il le refera plus tard dans Logical song. Cette sonorité singulière de clavier a forgé le style Supertramp et Hodgson est devenu autant claviériste que guitariste. Il se rappelle quand il a composé Dreamer :

« J’étais enthousiaste, c’était la première fois que je mettais la main sur un Wurlitzer »

Si chacun a sa façon bien identifiable de composer et chanter, Davies et Hodgson n’en ont pas pour autant omis de collaborer étroitement. Outre le morceau-titre (que Hodgson a pourtant souvent crédité à Davies seul, lors d’interviews), c’est surtout l’ouverture de l’album, School, qui caractérise le mieux leur travail en binôme. Bien que Hodgson décrit School comme « sa chanson », il admet que Davies a écrit le solo de piano et une bonne partie des paroles.

En raison d’un accord contractuel, toutes les chansons sont créditées conjointement aux deux auteurs, mais la plupart d’entre elles ont été écrites individuellement. Les notes de pochette indiquent clairement qui chante quoi au cours de l’album. Les paroles interprétées par Davies sont en jaune, et celles par Hodgson en blanc.

Un couple de songwriters de la trempe (sans mauvais jeu de mots) de Lennon/McCartney, qui sur ce disque avait atteint de leur propre aveu leur apogée en terme de communication et de collaboration artistique. Un album sorti il y a 50 ans aujourd’hui.

© Jean-François Convert – Octobre 2024

2 commentaires sur “Un demi-siècle pour ‘Crime of the Century’ de Supertramp

  1. Très belle chronique. Je pensais contrairement à vos mots, qu’ils composaient plus en duo qu’individuellement. Ce qui n’est selon vos dires pas le cas

    1
    1. merci.
      ça dépend des chansons. J’ai tiré l’info de wikipedia, qui cite le livre « The Supertramp Book » de Martin Melhuish, publié en 1986 :

      « Due to a contractual agreement, all the songs are credited jointly to the two writers, but some of the songs were written individually. Scott commented that Davies and Hodgson « were very, very different personalities. Those differing personalities made the music sound the way it did. »[10] « Asylum », « Rudy » and « Bloody Well Right » were written by Davies, « Dreamer », « If Everyone Was Listening », and « Hide in Your Shell » were written by Hodgson, and both « School » and « Crime of the Century » are Davies/Hodgson collaborations »

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